Projet Athlètes en Transition : Ariane Lavigne (Seconde partie)

©Courtoisie

Voici la suite et fin de la première interview d’une série appelée le Projet Athlètes en Transition (PAT) dont la première partie est disponible en ligne sur : tremblantexpress.com

John Maunders : Qu’as-tu le plus apprécié dans ta vie d’athlète en Coupe du monde ?

Ariane Lavigne : Être dehors, dans les plus beaux endroits du monde ! La culture du ski et la bouffe, surtout en Europe. Ça me manque.

Pour la compétition, les médailles comptent beaucoup… mais en fin de compte, pour moi, c’est le sentiment d’avoir vraiment dominé le parcours qui est primordial.

Au début je voulais prouver qu’avec beaucoup de pratique et un bon entourage on est capable d’arriver à l’excellence. Plus tard, quand la Coupe du monde et les Jeux olympiques ont été à ma portée, gagner est devenu un besoin. Pas par insécurité ; par désir.

J’aimais le processus. Pour moi, ça ne venait pas du fait que j’étais la plus forte ou la plus talentueuse, mais parce que je savais qu’échouer fait partie du jeu. J’étais moins déstabilisée quand les résultats n’étaient pas parfaits. J’étais habituée à faire des efforts.

J.M. : Et ce que tu as le moins apprécié ?

A.L. : Nos coéquipiers sont aussi nos compétiteurs. On ne les choisit pas… ce n’est pas comme les amis. On peut être très proche, mais la tolérance est obligatoire.

Vers la fin, j’étais tannée d’être tout le temps dans mes valises. Je n’étais plus vraiment ancrée à Mont-Tremblant. Je manquais de temps avec les gens que j’aime.

J.M. : Parle-moi un peu de ton emploi du temps à l’époque. On peut comprendre qu’il y ait beaucoup de déplacements sur le circuit de la Coupe du monde…

A.L. : Dès que je revenais au Québec, mon agenda était chargé à bloc : entrainement le matin, puis je travaillais comme nutritionniste en après-midi et en soirée. Les vendredis j’étais claquée !

Partir en camp ou en compétition, c’était presque des vacances.

J.M. : Et les gens autour de toi ?

A.L. : J’ai un parcours atypique. J’avais déjà fait ma formation en nutrition avant d’être en Coupe du monde. Il fallait combiner les deux mondes – nutritionniste et planchiste – j’utilisais beaucoup Skype.

La plupart des autres compétiteurs de l’équipe nationale, et en Coupe du monde, étaient plus jeunes et sans autres obligations.

Dans mon cas, j’avais toujours dans la tête, « et si je ne m’en sortais pas ». Ma carrière professionnelle comme nutritionniste était le plan A, snowboarder, le plan B. Je ne voulais pas mettre tous mes œufs dans le même panier. Je voulais rester équilibrée.

En fait, j’aimais beaucoup être intégrée dans l’IST (Integrated Support Team). J’aimais ça comme athlète, et j’aime ça maintenant comme nutritionniste.

C’est sûr que ça m’a aidé dans la transition après ma retraite de la compétition… et dans mon métier actuel pour comprendre la réalité des athlètes qui doivent voyager et manger sainement.

J.M. : C’est quand même exceptionnel comme tu sembles t’être adaptée facilement après la retraite.

A.L. : Même avec l’équipe nationale de 2009 à 2015, je n’ai jamais totalement eu une seule idée en tête. C’est vrai qu’après avoir manqué les Olympiques de Vancouver en 2010, j’étais fâchée et les quatre années suivantes, j’ai tout donné. Je me suis dit qu’il était hors de question que je n’aille pas à Sotchi. C’était une envie si forte que ça ressemblait à un besoin. Une priorité par choix.

J.M. : Qu’est-ce qui était important avant la retraite… et après ?

A.L. : Avant, l’essentiel était le dépassement de soi, la quête de maitriser le sport, voire le dominer. Maintenant, au lieu d’être principalement axée sur ma performance sur la neige, je suis plus dans le partage, à donner mon appui à mes clients/athlètes. Leurs objectifs et leur détermination à vouloir maximiser leur propre potentiel m’inspirent. C’est un plaisir de faire le lien entre le sport – surtout, les sportifs – et la nutrition.

Et je veux tout bien faire pour ma fille Béatrice. Elle a quatre ans. Il me manque parfois du temps pour tout faire comme il faut. Je rêve d’avoir une maison, un environnement pour faire du sport, et passer du temps avec mon chum et ma fille.

J.M. : Est-ce que la façon dont les autres te perçoivent a changé ?

A.L. : Il n’y a pas eu de changement radical. Ils m’ont vue m’adapter.

On pourrait dire que je suis plus polyvalente qu’avant. Les gens dans la rue ne voient pas seulement Ariane l’Olympienne, ils voient Ariane la nutritionniste, la maman et… l’Olympienne. Ma profession a doucement pris le dessus.

 

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Dr. John Maunders

 

John Maunders14 Posts

Le Dr. John Maunders a exercé 25 années en médecine familiale, dont 20 en urgence et soins intensifs. Il porte un intérêt naturel pour l’activité physique de toutes sortes en tant que participant, entraîneur et médecin. Dr. John Maunders has spent 25 years in family medicine including 20 years in emergency and intensive care. Natural interest in physical activity of all sorts and seasons, as participant, coach, or physician.

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