L’agriculture collaborative selon Jardin Cent Pépins

© GUILLAUME LEBEAU-LÉPINE

Depuis l’automne 2017, huit jeunes agriculteurs et agricultrices spécialisés en maraîchage biologique, herboristerie et permaculture louent un champ de cinq acres à Mont-Tremblant. Ils y expérimentent diverses techniques agricoles pour se nourrir et nourrir la communauté. Une des entreprises qui émerge sur cette terre fertile est “Jardin Cent Pépins”, qui produit des légumes et des plantes vivaces.

© Guillaume Lebeau-Lépine

Économie collaborative

Pour rendre ce champ propice à la polyculture, chaque membre du groupe a volontairement investi temps, argent et énergie. Ainsi ont été érigés une clôture, un cabanon, une serre, un étang, un système d’irrigation et des tunnels-chenilles.

Dans ce modèle organique où chacun développe sa parcelle à des fins personnelles ou commerciales, la création d’abondance repose sur l’entraide, la liberté, le respect des règles communes et le partage de certains outils.

Ils sont encouragés par la communauté locale, comme des amis qui aiment jardiner, un généreux plombier qui apparaît miraculeusement pendant une sécheresse, un voisin retraité qui prend soin des poules et un cultivateur bio qui vient couper les foins.

D’ailleurs, la rubrique de Wikipedia portant sur l’économie collaborative nous rappelle que : « En agriculture, les travaux collectifs et la mutualisation d’outils ont toujours existé. »

Distribution locale

L’équipe de Jardin Cent Pépins cultive une soixantaine d’espèces de légumes et herbes qui se retrouvent principalement dans les produits lactofermentés de Symbiose AlimenTerre et au menu de la Cabane à Tuque. Cet été, ces légumes sont aussi vendus au public dans une formule de paniers hebdomadaires, au marché d’été de Mont-Tremblant et celui de Labelle.

« Mon idéal est de nourrir du monde local. Avec le temps, j’aimerais offrir des paniers vraiment diversifiés avec des fruits, des œufs et des vivaces comestibles, pour des personnes qui se sentent connectées au projet. Quand tu as désherbé ce que tu manges, tu l’apprécies encore plus », lance à la blague Sébastien Moisan, propriétaire de Jardin Cent Pépins !

Agriculture régénératrice

Vendre des légumes est un moyen plutôt qu’une fin pour Sébastien Moisan. Son véritable dada est de propager des vivaces adaptées à notre climat tout en prenant soin de la santé du sol. Il aime bouturer des variétés rustiques d’arbres, d’arbustes et de plantes médicinales qui, une fois matures, serviront à aménager des forêts nourricières. Son expertise co-évolue avec Jérémie Gagnon, propriétaire de Permex, qui a implanté sa troisième pépinière en buttes permanentes sur cette terre collaborative.

Il existe une symbiose entre les jardiniers qui collaborent, ainsi qu’entre les êtres vivants de l’écosystème. Par exemple, les bosquets de fleurs médicinales, en créant des habitats pour les insectes bénéfiques, contribuent à la pollinisation et la phytoprotection des cultures légumières. Les multiples interactions macro et microscopiques font de ce terrain un véritable laboratoire agroécologique, où l’agroforesterie côtoie le maraîchage bio-intensif.

Accès à la terre

C’est grâce à la généreuse propriétaire terrienne que ces jeunes agriculteurs (entre 35 et 45 ans) peuvent cultiver ce champ. La réalité est que, malgré l’amélioration des connaissances en agriculture, l’accès à la propriété est toujours très difficile pour la relève agricole, un problème aggravé par le marché immobilier actuel. Certains exemples de succès, comme la Ferme aux petits oignons et la Récolte de la Rouge, ont débuté leur entreprise agricole sur une terre louée.

En s’inspirant de la coopération entre agriculteurs, chacun d’entre nous peut jardiner de manière plus collaborative. À l’échelle du potager domestique, il est possible de partager des outils entre voisins, d’échanger des plantules et de s’entraider pour l’arrosage ou la location d’un rotoculteur.

Après tout, l’agriculture n’a-t-elle pas toujours été collaborative ?

 

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Geneviève Huchette

 

Geneviève Huchette97 Posts

Geneviève Huchette a étudié en agronomie et en marketing. Elle aime se servir de sa plume pour faire rayonner les entreprises locales et les initiatives environnementales. Établie à Mont-Tremblant depuis une quinzaine d'années, elle ne cesse d'en découvrir les beautés. Genevieve Huchette completed her bachelor degree in Agricultural and Environmental Sciences at McGill University. With her recent studies in Marketing, she wishes to use her writing skills to promote local initiatives, especially if they are environmentally friendly.

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