Le criocère du lys, astucieux envahisseur

Un nouveau venu fréquente nos jardins depuis quelques années. Reconnaissable à son corps rouge vif, ses pattes et ses antennes noires, ce coléoptère glouton s’attaque aux feuilles, puis aux boutons et à la tige des lys. Il dispose de ressources insoupçonnées pour déjouer ses ennemis et se reproduire. Le criocère du lys (Lilioceris lilii) exaspère les horticulteurs.

Originaire d’Asie et introduit par mégarde en Amérique, il a trouvé chez nous les conditions propices à son foisonnement. L’adulte de 7 à 9 mm de long pond ses minuscules œufs orangés sur la face inférieure des feuilles, à l’abri des regards. C’est là, à l’aisselle des limbes ou dans le creux des rosettes de jeunes pousses qu’il se cache le plus souvent.

Dès qu’on tente de le saisir ou qu’une ombre s’approche de lui, il se laisse choir sur le dos, exhibant son abdomen noir. Immobile, faisant le mort, camouflé dans l’humus, il est difficile à repérer. La larve décourage les prédateurs en se dissimulant sous ses repoussantes déjections noirâtres.

Elle ronge d’abord l’épiderme inférieur des feuilles, en laissant l’épiderme supérieur, ce qui rend sa détection difficile. Après deux semaines de broutage intensif, elle s’enfouit dans le sol où elle se métamorphose en nymphe pour passer l’hiver. Au printemps suivant, devenue adulte, elle retrouve aisément son garde-manger.

Le criocère a peu d’ennemis sauf quelques rares oiseaux. En plus d’avoir du mal à le capturer, ils associent sans doute à sa couleur voyante l’odeur nauséabonde et le mauvais goût qui le caractérisent. Il est possible de freiner sa progression en capturant les adultes et en coupant, pour les brûler, les feuilles abritant les œufs et les larves de cet indésirable.

Une alternative consiste à appliquer sur les végétaux un mélange d’eau savonneuse et à déposer du marc de café au pied des lys. Aux dernières nouvelles, le criocère s’attaquerait impunément à de jolies plantes sauvages comme la smilacine à grappes et le sceau de Salomon. Où s’arrêtera-t-il?

Pour mieux connaître les insectes, rendez-vous à l’Animalium de Mont-Tremblant.

 

Du même auteur : Transformez votre cour en habitat pour la faune (Cliquez sur l’image)

 

Jacques Prescott131 Posts

Jacques Prescott est biologiste, professeur associé à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Spécialiste de la biodiversité et du développement durable, il est l’auteur de nombreux livres et articles sur la faune et la conservation de la nature. Il nous fait l’honneur de rejoindre notre équipe de collaborateurs et signera chaque mois une chronique intitulée Faune et flore. / Jacques Prescott is a biologist, associate professor with the Chair in Eco-Counselling of the Université du Québec à Chicoutimi. A specialist in biodiversity and sustainable development, he is the author of numerous books and articles about wildlife and nature conservation. He has honoured us by joining our team of contributors and will write a monthly column entitled Wildlife and Habitat.

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