L’if du Canada, l’arbuste qui sauve des vies

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L’If du Canada (Taxus canadensis) est un arbuste commun dans les sous-bois de la plupart des forêts du Québec et de l’est de l’Amérique du Nord. Ce conifère de petite taille contient un composé chimique aux propriétés anticancéreuses.

Parfois appelé sapin trainard ou buis, l’if du Canada se distingue par sa taille basse et étalée qui dépasse rarement un mètre de hauteur. Il forme des peuplements denses à l’ombre des arbres matures et couvre parfois de grandes superficies dans les sous-bois. Son écorce est brun rougeâtre, ses aiguilles vertes, aplaties et fixées de part et d’autre des tiges. Contrairement aux autres résineux qui produisent des cônes, l’if produit des baies rouge vif, charnues et d’un centimètre de diamètre, appelées arilles, dont les oiseaux raffolent.

Malgré les apparences, l’écorce, les aiguilles et les graines de cet arbuste sont hautement toxiques. Les autochtones utilisaient des décoctions d’if pour soigner les rhumatismes, mais les herboristes d’aujourd’hui le déconseillent en raison de la toxicité de cette plante. On sait maintenant que l’if du Canada contient plusieurs composés chimiques vénéneux de la famille des taxanes dont le principal est le paclitaxel (connu sous le nom de Taxol) largement utilisé en chimiothérapie.

Depuis quelques années, l’if du Canada fait l’objet d’une cueillette importante nécessitant l’obtention d’un permis auprès du ministère des forêts. En 2017, le bureau du Forestier en chef a établi la récolte possible de l’if du Canada provenant des unités d’aménagement à 6 515 tonnes métriques vertes annuellement. Cette récolte est renouvelable lorsqu’on se limite à cueillir les jeunes pousses tous les cinq ans plutôt que de récolter toute la plante.

En dépit du contrôle de sa récolte commerciale, l’abondance de l’if du Canada semble avoir diminué ces dernières années. Ce déclin serait attribuable au broutage intensif par le cerf de Virginie et l’orignal (qui ne sont pas incommodés par la toxicité de cette plante), aux feux de forêt et au défrichage. Souhaitons qu’une gestion adéquate permette à l’if du Canada de continuer de sauver des vies pendant encore longtemps.

 

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Jacques Prescott

 

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Jacques Prescott est biologiste, professeur associé à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Spécialiste de la biodiversité et du développement durable, il est l’auteur de nombreux livres et articles sur la faune et la conservation de la nature. Il nous fait l’honneur de rejoindre notre équipe de collaborateurs et signera chaque mois une chronique intitulée Faune et flore. / Jacques Prescott is a biologist, associate professor with the Chair in Eco-Counselling of the Université du Québec à Chicoutimi. A specialist in biodiversity and sustainable development, he is the author of numerous books and articles about wildlife and nature conservation. He has honoured us by joining our team of contributors and will write a monthly column entitled Wildlife and Habitat.

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