L’exceptionnel héritage de Gérald Le Gal

©Courtoisie

En janvier dernier, Gérald Le Gal nous a quittés au terme d’un cancer fulgurant. Entouré de ses proches, parfaitement lucide et délivré de toute souffrance, il a fait ses adieux, les yeux candides, en revisitant quelques-unes de ses plus incroyables histoires.

La vie de « ce géant rieur et lumineux », comme le qualifie affectueusement sa fille Ariane, fut une succession d’éternels recommencements. Enseignant, agent de développement, pêcheur commercial, conférencier et coanimateur avec Ariane de la série télévisée Coureurs des bois sur les ondes de Télé-Québec, Gérald Le Gal a exercé mille et un métiers au Québec, au Canada et à l’étranger. Bien qu’il se soit sans cesse réinventé, son amour pour la nature et la relation harmonieuse des êtres avec celle-ci demeurera sa plus grande passion. À ce sujet, soulignons que Gérald a organisé un vol depuis le Nunavut pour une oie qui avait raté sa migration.

En 1993, Gérald Le Gal fonde Gourmet Sauvage. Cette petite entreprise, qu’il lèguera à Ariane, sa fille unique et à son gendre Pascal Benaksas-Couture, assure la récolte et la transformation des plantes sauvages comestibles du Québec à des fins culinaires. En 2019, il publie – toujours avec Ariane – le livre « Forêt : Identifier, cueillir, cuisiner ». Ce guide d’identification permet de redécouvrir les trésors oubliés de notre terroir sauvage.

« Amoureux de son territoire, aventurier comme il ne s’en fait plus et conteur hors pair, Gérald était avant tout un enseignant ainsi qu’un défricheur entêté, fait valoir Ariane. Il portait en lui un désir de vivre sa vérité et une très grande liberté. La plus grande leçon qu’il m’ait laissée a été de toujours vivre en fonction des expériences et des apprentissages, jamais en fonction des résultats. Toute sa vie, il a refusé le confort de la réussite. Dès qu’un projet fonctionnait, il partait pour d’autres aventures afin de rester en situation d’apprentissage. C’est ce qui explique pourquoi il a accumulé une quantité de connaissances et de compétences hors normes et qu’il arrivait à toucher autant de gens. »

©Guillaume Vincent

L’aventurier du savoir perdu

Gérald ne voyageait pas, il furetait des territoires. À peine les pieds posés sur une nouvelle terre d’accueil, il partait à la rencontre des peuples autochtones afin de s’abreuver des savoirs ancestraux. Du Grand Nord aux forêts boréales de l’Ontario en passant par les côtes maritimes du Québec, Gérald est entré en contact avec les peuples autochtones ojibwé, inuit et innu. Il a passé des mois en forêt à s’initier aux méthodes de survie ancestrale des peuples autochtones.

« Il avait naturellement le désir de faire vivre des connaissances qui se perdaient, souligne Ariane. C’était un Indiana Jones, un grand chêne sur lequel s’appuyer et une bibliothèque de savoirs immense. J’ai reçu une quantité phénoménale de témoignages de gens dont la trajectoire de vie a complètement dévié après avoir été mis en contact avec l’héritage qu’il nous a laissé », souligne-t-elle.

La cueillette sauvage

Gérald est également à l’origine d’une petite économie qui n’existait pas au Québec il y a 30 ans. Aujourd’hui encore, nous ne retrouvons rien de comparable dans le monde.

« La cueillette sauvage est très bien organisée au Québec et on le lui doit en grande partie. Le plus beau, c’est qu’il ne s’en attribuait jamais le mérite. Il était toujours surpris de recevoir des témoignages de reconnaissance. Il désirait surtout transmettre l’amour du vivant et nous inviter à nous autoriser une plus grande connexion avec notre territoire. Dans le cas de mon père, cela s’est fait via le prisme de la cueillette sauvage. L’objectif sous-jacent était cependant d’apprendre à connaitre mieux notre territoire afin d’apprendre à l’aimer et, ultimement, de s’en faire collectivement les gardiens. »

Le samedi 3 février, les membres de sa famille venue des quatre coins du pays, mais également d’Europe, ainsi que de nombreux amis se sont recueillis à l’ancienne église de La Conception, devenue le Private Room, afin de célébrer la vie extraordinaire de Gérald. Au même moment, des dizaines de personnes partout au Québec, mais aussi en Ontario, au Nouveau-Brunswick et en France étaient en forêt pour rendre hommage à Gérald. Lors de son éloge des plus touchante, Ariane a confié aux personnes présentes que Gérald avait profité de ses derniers moments pour leur enseigner une ultime leçon ; celle d’approcher la mort comme une nouvelle aventure.

« Il y avait dans son regard une acceptation réelle, non résignée, et même une curiosité pour ce que la suite lui réservait », a confié Ariane.

Nous avons eu le bonheur et le grand honneur de publier quelques-uns de ses écrits. Vous pouvez les retrouver à tremblantexpress.com/author/glegal

 

Plus du même auteur ? Cliquez sur sa photo ci-dessous.

Guillaume Vincent

 

Guillaume Vincent432 Posts

Rédacteur et journaliste de profession, Guillaume Vincent a fait ses armes au sein de l’agence QMI. Il s’est joint au Tremblant Express en 2014. Promu en 2017, il y assume depuis le rôle de rédacteur en chef et directeur de la publication. / A writer and photojournalist by profession, Guillaume Vincent won his stripes in the QMI agency. He joined Tremblant Express in 2014. Promoted in 2017, he has been editor-in-chief and co-publisher since then.

0 Commentaires

Laissez un commentaire

Login

Welcome! Login in to your account

Remember me Lost your password?

Lost Password