De l’eau pour l’hiver

L’eau est l’élément essentiel de l’industrie du ski du 21e siècle. Avant que les changements climatiques ne commencent à perturber les conditions météorologiques hivernales, les stations de ski pouvaient habituellement compter sur les chutes de neige pour offrir des pistes relativement bien enneigées presque toute la saison. Ce n’est plus le cas. Toutes les stations de ski, partout dans le monde, doivent maintenant, inévitablement, procéder à l’enneigement artificiel en se servant des ressources en eau locales si elles veulent continuer leurs opérations.

Tremblant fait face à une situation exceptionnelle. Contrairement à la plupart des stations, son domaine skiable s’étend sur différents versants de la montagne. Dans la plupart des stations de ski, les pistes sont aménagées sur les pentes orientées vers le nord et ne nécessitent donc qu’une seule source d’approvisionnement en eau. Pas à Tremblant, qui a besoin de différentes sources d’eau pour les pistes sur les côtés nord et sud.

Heureusement, Tremblant dispose de sources d’eau abondantes et accessibles, des deux côtés de la montagne. Nul besoin, comme dans beaucoup de stations de ski, de construire des réservoirs artificiels pour détourner et recueillir l’eau pour la fabrication de neige artificielle. Du côté sud se trouve le lac Tremblant, duquel la station tire environ 70 % de son eau pour l’enneigement. Sur le côté nord coule la rivière du Diable.

Selon Martin Rochon, directeur des opérations en montagne à Tremblant, ces deux sources fournissent les quelques 1,3 million de mètres cubes d’eau nécessaires à l’enneigement chaque hiver.

L’utilisation de tant d’eau exige un profond sens de responsabilité civique. Il n’appartient pas à Tremblant de disposer de cette eau comme bon lui semble. L’eau est un bien commun qui sert à soutenir la faune, la vie aquatique et la végétation. L’eau potable est distribuée aux collectivités de la région. Elle est tout autant indispensable aux activités récréatives non hivernales qu’à l’enneigement artificiel. La station doit donc tenir compte de l’impact potentiel sur l’environnement et les activités de loisir.

Toutes les pratiques de gestion des eaux de Tremblant doivent être approuvées par le ministère provincial du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). Il est extrêmement important que Tremblant veille à ce que son exploitation de l’eau n’affecte pas les niveaux des lacs et des rivières.

Étant donné la grandeur du lac Tremblant, le retrait de près d’un million de mètres cubes d’eau par année a peu d’impact sur le niveau du lac. Mais il faut faire plus attention sur le côté nord, car le niveau de la rivière du Diable varie beaucoup. M. Rochon explique qu’une sonde a été installée dans la station de pompage qui tire l’eau de la rivière pour l’entraîner dans le système d’enneigement et que l’alimentation est automatiquement coupée si la pression mesurée chute en dessous d’un niveau préalablement établi.

La station doit également tenir compte, tant dans ses opérations d’enneigement que dans la gestion de ses pistes, de la fonte des neiges au printemps. Le contrôle de l’érosion et la prévention des quantités excessives d’eau de ruissellement et des sédiments sont des points qu’il faut sérieusement prendre en considération. Monsieur Rochon indique que le lac Miroir dans le village de Tremblant sert à intercepter les sédiments pour empêcher qu’ils ne se retrouvent dans le lac Tremblant. Quoi qu’il en soit, souligne M. Rochon, en ce qui a trait aux problèmes d’érosion et de dépôt sédimentaire, les pluies torrentielles estivales constituent généralement davantage une source de préoccupation que la fonte graduelle des neiges au printemps.

D’ailleurs, M. Rochon insiste sur le fait que l’eau pompée du lac Tremblant est presque trop propre pour servir à l’enneigement. Certaines particules sédimentaires dans l’eau peuvent effectivement servir de noyaux minuscules et contribuer à la formation des cristaux qui jaillissent des canons à neige. Dans le passé, Tremblant, à l’instar de nombreuses autres stations de ski, ajoutait des particules au mélange pour améliorer la formation de cristaux. Mais grâce à l’amélioration des systèmes de fabrication de neige installés au cours des dernières années, la station n’utilise plus d’additifs, ajoute M. Rochon.

En fait, l’eau puisée du lac et de la rivière s’écoule à nouveau au printemps, inchangée, lors de la fonte des neiges. Voilà de bonnes nouvelles pour l’environnement et pour les amateurs de sports d’hiver et d’été.

Peter Oliver9 Posts

Journaliste et éditeur depuis – selon ses dires – bien trop longtemps, Peter verra son travail publié dans de nombreuses publications majeures en Amérique du Nord, notamment en tant qu'auteur prolifique pour Skiing magazine dans les années 1980 et 1990. Il est l'auteur de sept livres sur le ski, le vélo et les voyages outre-mer. Skieur depuis l'âge de sept ans, il est venu skier à Tremblant pour la première fois avec sa famille en 1964. Aujourd'hui, il enseigne le ski de fond à Ole's Cross Country Centre, près de sa maison dans la vallée de la rivière Mad, au Vermont. / Peter Oliver’s work has appeared in numerous major publications in North America, most notably as a prolific writer for Skiing magazine in the 1980s and 1990s. He is the author of seven books on skiing, cycling, and international travel. He has been a skier since the age of seven, and first came to Tremblant on a ski vacation with his family in 1964. Today, he spends more time cross-country skiing than downhill skiing, and teaches cross-country, skate skiing in particular, at Ole’s Cross Country Center near his home in Vermont’s Mad River Valley.

0 Commentaires

Laissez un commentaire

Login

Welcome! Login in to your account

Remember me Lost your password?

Lost Password