L’intelligence du corbeau

Dans l’esprit de l’Halloween, le corbeau représente l’incarnation du mal, des âmes damnées et de Satan. À une certaine époque, en Europe, on clouait le cadavre d’un corbeau sur la porte de la maison pour éloigner le mauvais sort. Cette mauvaise réputation n’a pourtant pas sa raison d’être. Le corbeau est en réalité un être sensible et intelligent qui occupe une place essentielle dans l’équilibre de la nature.

Mon confrère Louis Lefebvre, professeur à l’Université McGill, a développé une échelle de mesure du quotient intellectuel des oiseaux basée sur l’analyse de centaines d’études scientifiques. Selon lui, les oiseaux de la famille des corvidés, dont font partie les geais, la corneille et le corbeau, trônent au sommet de cette échelle.

L’intelligence du corbeau se compare à celle d’un chimpanzé voire à celle d’un enfant de 3 ans, que ce soit pour trouver de la nourriture, communiquer avec ses semblables ou jouer. On a vu des corbeaux s’amuser avec des pommes de pin ou des branchettes, lancer des cailloux à des intrus, et même glisser sur les toits enneigés.

Le corbeau utilise un langage complexe de sons, de gestes et de postures. Il imite les cris d’autres animaux, pointe du bec comme on le ferait avec l’index pour indiquer quelque chose ou saisit un objet pour attirer l’attention du congénère. Le corbeau reconnaît ses amis, même après plusieurs années de séparation, et les réconforte après une dispute en leur lissant les plumes ou leur donnant de la nourriture.

Autre preuve d’intelligence, le corbeau trouve sa nourriture dans les habitats les plus variés, en ville comme en forêt, en milieu agricole comme dans la toundra arctique. Il nettoie les carcasses d’animaux, se nourrit de fruits, de noix, de graines et de déchets. Prudent face au danger, il peut vivre plus de quarante ans.

Le corbeau n’est certes pas un oiseau de malheur. Les Amérindiens ont de tout temps reconnu sa majesté et son intelligence. C’est l’oiseau créateur du monde et protecteur des humains, à l’origine des astres, de l’eau et du feu. Lors d’une prochaine rencontre, saluez bien bas cet être d’exception.

 

Jacques Prescott131 Posts

Jacques Prescott est biologiste, professeur associé à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Spécialiste de la biodiversité et du développement durable, il est l’auteur de nombreux livres et articles sur la faune et la conservation de la nature. Il nous fait l’honneur de rejoindre notre équipe de collaborateurs et signera chaque mois une chronique intitulée Faune et flore. / Jacques Prescott is a biologist, associate professor with the Chair in Eco-Counselling of the Université du Québec à Chicoutimi. A specialist in biodiversity and sustainable development, he is the author of numerous books and articles about wildlife and nature conservation. He has honoured us by joining our team of contributors and will write a monthly column entitled Wildlife and Habitat.

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