La famille Paradis

Arthur le scieur. ©Courtoisie

Au cours des dernières décennies, notre village a beaucoup changé. Alors qu’il n’y a pas si longtemps, celui-ci devait juste être autosuffisant et subvenir à tous les besoins de ses citoyens, l’arrivée des touristes a forcé les commerces à répondre à leurs exigences et à leurs attentes.

Soyons honnêtes, nous avions un peu mis de côté ce qui est traditionnel pour faire place aux objets industriels. Mais ceux qui nous visitaient voulaient connaître nos traditions, notre langue et nos meubles.

Paul & Jean-Yves Paradis. ©Courtoisie

Paul Paradis, né en 1916 à Brébeuf, était garagiste-mécanicien et patenteux. Il est très habile de ses mains et lorsqu’il constate qu’il y a un problème d’approvisionnement de bâtons de hockey pour les jeunes de la région, il décide tout simplement d’en fabriquer. Paul invente même la jointure entre le manche et la palette – cette technique est toujours utilisée aujourd’hui par les grands fabricants de bâtons de hockey.

Alors que son épouse désire un meuble très cher qu’elle a vu en magasin, il décide qu’il est sûrement assez habile pour le fabriquer lui-même. À peine le meuble terminé, un client qui est de passage chez lui, lui propose de l’acheter. Il n’en faut pas plus pour que naisse le nouveau commerce.

En effet, les meubles québécois grandissent en popularité chez les visiteurs du centre de villégiature. Ils apprécient l’art et le talent de l’artisan de même que la qualité du bois massif utilisé. Découvrant que les touristes adorent ce type de meubles, les hôteliers décident d’offrir ce décor à leurs clients – c’est ainsi que l’atelier Paradis voit le jour à Saint- Jovite en 1950.

Cette époque marque aussi l’arrivée d’« Arthur le scieur » dans notre paysage. Arthur, avec sa boîte à lunch, qui travaille à scier une bûche 24/24 devient, devant l’atelier Paradis, leur marque de commerce. Fait à noter, dans sa première version, Arthur avait complètement scié la première bûche – Paul Paradis avait dû ajouter une patente pour ne plus avoir à remplacer la bûche.

Le fils de Paul, Jean-Yves, né en 1938, se joint à son père dans l’atelier où il apprend l’ébénisterie. Certaines pièces demandent des semaines de travail. C’est à l’aide d’un petit canif à bois qu’ils sculptent les motifs de pointe de diamant tant recherchés. Je me souviens d’une petite table d’appoint que possédait ma mère ; c’était une œuvre d’art, délicatement ornée de volutes et de pieds tournés. Elle aimait à dire que M. Paradis l’avait fabriquée. Bien des années plus tard, c’était au tour de ma femme et moi de faire l’achat d’un buffet Paradis.

Jean-Yves épousera Noëlla Therrien de Lac-des-Écorces et ensemble ils élèveront quatre enfants ; deux filles et deux garçons. La troisième génération permet ainsi de perpétuer l’entreprise familiale. Daniel (né en 1963) poursuit la tradition d’excellence en allant, pendant un an, étudier avec les célèbres Bourgault de Saint-Jean-Port-Joli. C’est Pierre Bourgault lui-même qui lui enseignera les différentes techniques traditionnelles.

Combien de meubles ont-ils fabriqués ? Des milliers, nous affirme Daniel. La clientèle était vraiment variée ; de la personne qui économisait pour pouvoir s’acheter une pièce de qualité aux collectionneurs, en passant par des gens aisés qui pouvaient s’offrir une maison complètement meublée de meubles authentiquement québécois.

Bien que vendues au Coq Rouge à Saint-Jovite, les gens cognaient à la porte du réputé atelier Paradis pour commander les pièces qu’ils recherchaient.

Paul est décédé en 1990 et c’est en 2022 que l’atelier fermera ses portes. Peu de temps après, Jean-Yves nous quittera à son tour et ce sont les souvenirs de Daniel qui gardent en vie cette belle histoire de créations québécoises.

Qu’est devenu Arthur le scieur ? Eh bien, il a fini sa carrière devant la brasserie Saint-Arnoult et maintenant, il profite d’une retraite bien confortable dans ce qui était l’atelier Paradis.

 

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Peter Duncan

 

Peter Duncan123 Posts

Membre de l’équipe canadienne de ski alpin de 1960 à 1971, skieur professionnel de 1971 à 1979 et champion américain en 1965, Peter Duncan a participé aux Jeux olympiques de 1964 à Innsbruck ainsi qu’à ceux de 1968 à Grenoble. Intronisé au Temple de la renommée du ski au Canada, au Panthéon des sports du Québec et récipiendaire de la médaille du gouverneur général, Peter a longtemps été commentateur de ski à la télévision./ Peter Duncan is a Canadian former alpine skier who competed in the 1964 and the 1968 Winter Olympics. He was named to the Canadian National Alpine Team in 1960 at the age of 16 and competed at the national level for the next 10-years until 1970 before retiring.

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