Erik Guay en mode sérénité

Erik Guay et Logann, à Tremblant. ©Trex

De champion du monde à papa serein

Erik Guay, le skieur alpin canadien le plus décoré de l’histoire, a annoncé sa retraite le 22 novembre dernier, à Lake Louise. Il passe un hiver paisible à Mont-Tremblant, entouré de son épouse Karen et de ses quatre filles. Pour la première fois depuis bien des années, le poids d’une saison à venir ou d’une blessure à guérir ne repose plus sur ses épaules.

Rencontré sur les pentes de Tremblant en compagnie de Logann – la plus grande de ses jeunes skieuses –, Erik admet sans détour savourer le plaisir d’être enfin parmi les siens, l’esprit libre. En attendant que Maude, la plus jeune, n’effectue ses premières descentes, c’est le sourire aux lèvres et les yeux pétillants qu’il accompagne presque quotidiennement Logann, Marlo ou Leni pour des descentes de ski matinales.

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Une retraite des plus méritée

« Skier avec les filles me rend particulièrement heureux, affirme Erik. L’année passée, j’étais ici souvent, mais je vivais du stress en raison de mes problèmes de dos, mes entrainements, les Jeux olympiques et les courses à venir. Aujourd’hui, je me sens bien. Je skie presque tous les jours avec les filles. Je me sens libre. »

Le moment où tout a basculé

« Ça faisait un moment que je pensais à arrêter, mais j’avais en tête de faire la saison complète et de prendre ma retraite au mois de mars, explique Erik, aujourd’hui âgé de 37 ans. J’étais en forme et je sentais que je pouvais encore gagner. »

Le 13 novembre dernier, à Nakiska, son coéquipier Broderick Thompson fit une chute et se blessa gravement au genou. Rappelons qu’un an plus tôt, jour pour jour, le skieur français David Poisson trouva la mort sur cette même piste.

« C’est là que tout a basculé, explique Erik. J’ai pris du recul et je me suis dit que j’aurais de la difficulté à passer à travers une telle épreuve à cette étape de ma vie. J’ai eu tellement de blessures dans ma carrière. Là, je suis en bonne santé et je voulais éviter que des blessures n’hypothèquent le reste de ma vie. Je voulais avant tout demeurer actif pour faire du ski avec mes enfants. »

L’onde de choc

Erik précise qu’après un tel choc, deux ou trois jours sont nécessaires pour que les membres de l’équipe se sentent à nouveau d’attaque. Le double champion du monde a donc recommencé à skier et affirme s’être senti prêt pour la Coupe du monde de Lake Louise. Tout allait bien, mais alors qu’Erik était sur le point de s’élancer du portillon de départ, un autre de ses coéquipiers, Manuel Osborne-Paradis, fit à son tour une lourde chute et se fractura la jambe.

« C’est à ce moment-là que j’ai pris ma décision. Je me suis dit qu’il était hors de question que je me blesse comme ça. J’ai quand même fait la descente, mais ça m’a vraiment tout pris. Je n’avais plus la tête à ça. Quand tu commences à avoir ce type de questionnements en ski alpin, c’est déjà fini. Il faut vraiment être là à 100 % et être prêt à prendre ce type de risque. Et je ne l’étais plus », confie Erik.

« J’ai pris une heure pour réfléchir seul à l’hôtel, poursuit-il. J’ai appelé Karen et je lui ai dit que c’était fini. Elle était soulagée. Moi, je me sentais libre, allégé de 1 000 livres. Je savais toutefois que j’allais devoir traverser une période de transition, mais c’était la bonne décision. »

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De compétiteur à téléspectateur

Le 30 novembre dernier, c’est rivé à son écran de télévision, dans le confort de son foyer, qu’Erik assista à la course de Beaver Creek. « C’était mon genre de condition, souligne-t-il, il neigeait un peu. Ça me titillait. Je sentais que j’aurais pu bien performer. Et là, l’Allemand Thomas Dressen, un bon gars, a fait une chute et s’est blessé au genou et à l’épaule, ce qui a mis un terme à sa saison. Je me suis dit que finalement, ce n’était pas si mal d’être dans mon salon à écouter la course à la télé. »

Concernant ses projets d’avenir, Erik reste campé sur sa décision de demeurer auprès de sa famille. S’impliquer dans le ski localement semble l’intéresser particulièrement et l’ambitieux projet d’amener une Coupe du monde à Tremblant fait encore partie des plans. À suivre, donc.

Bonne retraite, Erik!

Les moments clés de la carrière d’Erik Guay

Au cours de sa carrière, Erik a décroché deux titres de champion du monde dont un premier en descente à Garmisch-Partenkirchen, en 2011, et un second en super-G à Saint-Moritz, en 2017. En Coupe du monde, il est monté à vingt-cinq reprises sur un podium pour cinq victoires et a remporté le globe de cristal de super-G en 2010. À 35 ans, il est devenu le champion du monde de ski alpin le plus âgé. En décembre 2013, il avait battu le record canadien de 20 podiums, détenu par le « Crazy Canuck » Steve Podborski. Au cours de sa carrière, Erik a dû subir six chirurgies aux genoux. Sa plus récente intervention remonte à juin 2014.

 

Guillaume Vincent432 Posts

Rédacteur et journaliste de profession, Guillaume Vincent a fait ses armes au sein de l’agence QMI. Il s’est joint au Tremblant Express en 2014. Promu en 2017, il y assume depuis le rôle de rédacteur en chef et directeur de la publication. / A writer and photojournalist by profession, Guillaume Vincent won his stripes in the QMI agency. He joined Tremblant Express in 2014. Promoted in 2017, he has been editor-in-chief and co-publisher since then.

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