Denis Paquette : un phénomène

Denis Paquette. ©Guillaume Vincent

Phénomène, par définition : ce qui sort de l’ordinaire.

Certaines personnes sont des phénomènes pour leur tempérament ou leurs actions. Dans chaque région, il y a des gens d’âge et de provenance différents qui se manifestent par leurs talents, leur volonté et leur détermination.

Notre phénomène local – que je connais depuis mon plus jeune âge – est Denis Paquette. Benjamin d’une fratrie de six enfants, il est né en 1929 sur une terre située au bout du lac Maskinongé où son arrière-grand-père, originaire de Sainte-Scolastique, s’était installé en 1860. La ferme familiale existe toujours à l’angle des chemins Paquette et Tour du Lac.

Les enfants du coin fréquentaient une école de rang qui elle aussi existe toujours. Puis, venait le temps où une éventuelle poursuite des études n’était possible qu’au village de Saint-Jovite. En l’absence de route, les jeunes traceront un sentier qui les fera passer le mont Saint-Jovite vers le village et l’hiver, c’est en ski qu’ils feront le trajet. Ils passaient plus ou moins deux heures par jour sur le chemin de l’école.

L’éducation supérieure n’était alors pas encore vraiment accessible et les enfants devaient rapidement contribuer aux besoins de la famille. Denis devint donc bucheron à l’âge de 15 ans. Il sera engagé par un « jobber », Euclide Provost, qui est en contrat avec la CIP (Canadian International Paper) et il se retrouvera dans un camp de bucherons sur le ruisseau West Branch, un confluent de la rivière Rouge. C’est ainsi que pendant quatre ans, il travaillera dans différents camps de bucherons.

En 1950, il épouse Denise Hotte et rapidement, il se rend compte que la vie de bucheron, loin de sa douce, ne lui convient pas. En 1951, ils accueillent leur premier enfant Michel. Denis se trouve un emploi chez Alcan et habite Beauharnois de 1952 à 1957. La famille s’y établit et s’y agrandit. S’ajoutent Hélène en 1953 et Pierre en 1956. Denis a la réputation d’être courageux et fiable. Il sait que dans sa région natale, les commerces privés sont de plus en plus prospères.

Ayant fait le rembourrage d’un meuble avec beaucoup de succès, il décide de revenir à Saint-Jovite pour s’établir sous l’enseigne Rembourrage Denis Paquette. La minutie et la qualité de son travail lui assurent une clientèle fidèle. En ce temps-là, les hôtels ne changeaient pas leur mobilier, mais s’appliquaient plutôt à leur offrir une seconde, voire une troisième vie. C’était pendant la saison morte que Denis était le plus occupé. Ses clients étaient Station Mont Tremblant dirigée par Mme Ryan, l’Hôtel Cuttles avec Betty et Jim Cuttles, le Manoir Pinoteau avec Andrée et Gilles Gratton et le Villa Bellevue avec René Dubois. Ces clients, à eux seuls, représentaient 60 % de son chiffre d’affaires. C’est à cette époque que naîtront Louise en 1958 et Denis Jr. en 1963.

Denis demeure amateur de ski et il enseigne ce sport à l’école du Villa Bellevue sous la direction de Gilles Godon durant les années 60. Début des années 90, il s’associe avec son fils ainé Michel à qui il cèdera ensuite le commerce qui deviendra Conception Paquette Auvents, Stores et Rembourrage. Pendant ce temps, Denis et Denise s’adonnent aux plaisirs du vélo ; ils font plusieurs sorties par semaine. Fin des années 80, Denis rejoint un groupe de cyclistes non professionnel qui fait jusqu’à 150 km par sortie.

Après le décès de sa femme, il y a 12 ans, Denis décide de s’occuper de sa forme physique. Et c’est ici que nous revenons à la définition de « phénomène ». Aujourd’hui âgé de 94 ans, Denis fait toujours du vélo à raison de 50 à 100 km par sortie. Il roule maintenant en solo pour éviter de devoir se mesurer à d’autres cyclistes. L’été dernier, il a parcouru 10 000 km pour aller ensuite « décompresser » dans sa résidence en Floride. Lorsque les pistes sont bien enneigées, il quitte le soleil pour revenir au ski. Toujours excellent skieur, il dévale les pentes du mont Tremblant et du mont Blanc.

Ce phénomène n’est pas remarquable que physiquement ; il possède en outre un esprit vif et il est de commerce agréable.

Denis Paquette est un exemple du bien vieillir. Les plus jeunes devraient s’en inspirer.

 

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Peter Duncan

 

Peter Duncan123 Posts

Membre de l’équipe canadienne de ski alpin de 1960 à 1971, skieur professionnel de 1971 à 1979 et champion américain en 1965, Peter Duncan a participé aux Jeux olympiques de 1964 à Innsbruck ainsi qu’à ceux de 1968 à Grenoble. Intronisé au Temple de la renommée du ski au Canada, au Panthéon des sports du Québec et récipiendaire de la médaille du gouverneur général, Peter a longtemps été commentateur de ski à la télévision./ Peter Duncan is a Canadian former alpine skier who competed in the 1964 and the 1968 Winter Olympics. He was named to the Canadian National Alpine Team in 1960 at the age of 16 and competed at the national level for the next 10-years until 1970 before retiring.

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