Le Carouge à épaulettes, petit caporal turbulent

Alors que les hirondelles annonciatrices du printemps se font de plus en plus rares en raison de la pollution par les pesticides, le carouge à épaulettes demeure l’un des oiseaux migrateurs les plus abondants à revenir chez nous en cette saison. Reconnaissables au plumage noir et aux épaulettes rouges bordées de jaune, les mâles adultes arrivent en éclaireurs dès la fin de mars. Ils s’installent en bordure d’un marécage ou d’un plan d’eau et défendent énergiquement leur territoire de nidification. Tels de petits caporaux, ils exhibent fièrement leurs épaulettes écarlates et du haut d’un perchoir cherchent à impressionner les voisins et futures compagnes en poussant des cris distinctifs : « conqui-rii ».

Les femelles arrivent quelques jours plus tard et explorent les territoires des mâles les plus entreprenants en vue d’y construire un nid. Les mâles polygames accueillent en moyenne 4 ou 5 femelles sur leur territoire au cours d’une même saison. Dotées d’un plumage brun rayé de blanc, celles-ci se fondent dans la végétation. Ce camouflage naturel les protège des prédateurs les plus résolus, notamment des corneilles qui sont systématiquement houspillées par les mâles.

Le nid d’herbes finement entrelacées est typiquement accroché à la tige des quenouilles ou des arbrisseaux à moins d’un mètre du sol. La femelle y dépose 3 ou 4 œufs qu’elle couve seule jusqu’à l’éclosion 11 jours plus tard. Au cours des premières semaines, les oisillons mangent les insectes capturés par les deux parents. Plus tard, ils se nourriront de graines comme les adultes.

En août, les carouges semblent disparaître. En fait, ils se cachent dans la végétation dense des marais pendant la mue annuelle de leur plumage. Ils sont en effet plus vulnérables durant cette période. En septembre, les carouges se rassemblent en grandes volées souvent en compagnie d’autres oiseaux noirs, étourneaux, quiscales ou vachers, et visitent les champs de grain. Ils se gavent de nourriture en vue de la migration automnale vers le lieu d’hivernage qui s’étend depuis le centre des États-Unis jusqu’au Costa Rica.

Prenez le temps d’observer cet oiseau turbulent, il vous impressionnera, j’en suis sûr.

 

Du même auteur : Vedette de l’Animalium : l’impressionnant urubu à tête rouge (Cliquez sur l’image)

 

 

Jacques Prescott131 Posts

Jacques Prescott est biologiste, professeur associé à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Spécialiste de la biodiversité et du développement durable, il est l’auteur de nombreux livres et articles sur la faune et la conservation de la nature. Il nous fait l’honneur de rejoindre notre équipe de collaborateurs et signera chaque mois une chronique intitulée Faune et flore. / Jacques Prescott is a biologist, associate professor with the Chair in Eco-Counselling of the Université du Québec à Chicoutimi. A specialist in biodiversity and sustainable development, he is the author of numerous books and articles about wildlife and nature conservation. He has honoured us by joining our team of contributors and will write a monthly column entitled Wildlife and Habitat.

0 Commentaires

Laissez un commentaire

Login

Welcome! Login in to your account

Remember me Lost your password?

Lost Password