Golf Gray Rocks : La Belle époque

©Courtoisie

Par Karine Wolter

Le parcours La Belle fêtera ses 100 ans en 2020. À l’ombre des grands arbres, le dernier témoin du centre de villégiature Gray Rocks insuffle toujours son histoire dans le paysage de Tremblant…

Le culte de la vie en plein air

En 1894, George et Lucile Wheeler, originaires du comté de New York, s’installent à Saint-Jovite pour exploiter une scierie. En 1905, après plusieurs déboires, leur commerce de bois périclite, mais pas leur vision entrepreneuriale. Habitué de recevoir chaque été des amis américains férus de chasse et de pêche, le couple crée une pension de dix chambres dans sa maison, bâtie sur un promontoire de granite. Ces pionniers du tourisme obtiennent un permis d’auberge en 1906 : c’est le début du centre de villégiature Gray Rocks Inn (1). Alors que madame Wheeler se charge de la cuisine, monsieur et ses fils Tom et Harry développent des activités de plein air tant hivernales qu’estivales sur le domaine. En 1914, l’auberge compte 35 chambres. La recette du succès tient à la fois de l’ambiance conviviale et de la mise en valeur récréative du territoire. Et en ce début de 20e siècle, un nouveau sport écossais, le golf, est en plein essor dans les milieux bourgeois anglophones d’Amérique du Nord. Un hôte des Wheeler, golfeur amateur, commence à initier la famille. « Il va persuader mon grand-père, mon oncle Tom et [mon père] Harry, de construire un parcours au début des années 20 », raconte Lucile Wheeler Vaughan.

Premier golf des Laurentides

« Des chevaux, des charrues, des pelles et beaucoup de dynamite sont nécessaires pour l’aménagement du terrain de neuf trous », se souvient-elle. Les fairways sont entretenus par un troupeau de moutons ! « René Fleurant va participer pendant 30 ans à l’amélioration constante du golf », raconte encore Lucile. Dans les années 40, les parcours sont peu nombreux et Gray Rocks construit sa renommée grâce aux leçons dispensées par des golfeurs professionnels, comme Jimmy Black. À l’époque, les tarifs sont de 1$ la journée et 15$ la saison, et un tournoi pour les membres est institué chaque fin septembre.

De nombreux habitants de Saint-Jovite travaillent à l’auberge comme sur le golf, où les jeunes sont engagés comme caddy. Dans les années 50, ils sont plus d’une trentaine. « Le club house est alors situé à mi-distance de l’actuelle fairway # 12, surplombant l’aérodrome (2.)», explique Tom Junior. Toujours novateur, le Gray Rocks institue les forfaits « Learn to golf weeks » grâce à Bob Kerr, golfeur professionnel. L’achat de nouveaux terrains permet de créer le second neuf trous. Durant les décennies 60/70, les adhésions toujours croissantes augmentent avec les joueurs locaux. Un important réaménagement des parcours avec de nouveaux chemins pour les voiturettes caractérise les années 80. Jusqu’en 1995, le Golf Gray Rocks est le seul 18 trous des Laurentides.

Aujourd’hui, La Belle conserve « son atmosphère sympathique et détendue », décrit Guy Ouimet, directeur général depuis 2005 et membre du club depuis près de 30 ans. Ce « terrain de campagne » avec ses changements d’élévations ludiques et ses panoramas majestueux, continue d’inspirer les débutants comme les joueurs plus expérimentés…

(1) La SOPABIC a réalisé en janvier 2018 une exposition sur l’histoire du Gray Rocks, disponible virtuellement sur leur site : sopabic-patrimoine.org/gray-rocks.

(2). Aérodrome créé par Tom Wheeler en 1924 pour amener les clients dans les camps de chasse et de pêche éloignés.

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