Vous souvenez-vous des anciens câbles de remontée ?

©Courtoisie

Par Jeff Swystun

De nos jours, les tapis magiques montent les tout-petits en haut des pistes vertes, et les télésièges quadruples à haute vitesse transportent les amateurs de sensations fortes vers des sommets imposants. Mais auparavant, il n’y avait que le simple remonte-pente à câble et jusqu’à ce qu’il ne soit introduit, les skieurs devaient monter à pied, et faisaient à peine quatre descentes par jour.

Tout cela change en 1931 grâce au sauteur à ski montréalais Alex Foster qui a l’idée d’installer un câble de remontée sur une petite pente à Shawbridge, dans les Laurentides. Il raccorde 730 mètres de câble et se sert de poteaux de téléphone inutilisés, de vieilles poulies et d’un ancien moteur Dodge à quatre cylindres fixé sur des blocs de ciment.

Imaginez la première fois que le moteur a été mis en marche. Les premiers à essayer se sont vraisemblablement retrouvés empilés les uns sur les autres. Quiconque a déjà utilisé un câble de remontée sait que si l’on saisit trop fermement le câble, on peut être propulsé hors de ses bottes. Il faut saisir doucement le câble, placer un bras devant et l’autre derrière le dos en guise d’appui.

Des centaines de milliers d’enfants canadiens ont appris à skier grâce aux câbles de remontée, gravissant les pentes, installés entre les jambes de l’instructeur ou de leurs parents. Je me souviens avoir fait cela à la station de ski Falcon Lake au Manitoba. Et quel moment de fierté ce fut lorsque, pour la première fois, je suis monté et j’ai skié seul.

Par la suite, j’ai travaillé à la station de ski de Springhill, à l’extérieur de Winnipeg ; nous y faisions beaucoup d’argent avec la vente de gants de protection pour les deux câbles de remontée. L’invention de Foster a connu un succès immédiat et s’est rapidement répandue dans les centres de villégiature nord-américains.

Il n’y a aucune trace d’un brevet qui lui aurait permis de prospérer à long terme. Je peux simplement vous dire qu’il chargeait cinq sous la remontée, ou 25 sous pour la journée. Fred Pabst, riche et célèbre pour sa bière, possédait autrefois plusieurs remonte-pentes à câble dans différentes régions, notamment du Québec ainsi que du New Hampshire au Minnesota.

Il avait d’abord établi son empire dans les Laurentides avec trois remontées sur les pentes 69, 70 et 71 de Saint- Sauveur, chacune portant le nom des champs de bataille de la Première Guerre mondiale où les Canadiens avaient combattu. Pabst a abandonné ce secteur d’activité en raison des faibles rendements.

Les câbles de remontée, ainsi que les écoles de ski et Le P’tit train du Nord, ont emmené les touristes dans les Laurentides. Cela a entraîné l’émergence d’auberges destinées aux skieurs, une première en Amérique du Nord. La première, fondée en 1914, était le chalet Cochand à Sainte-Marguerite.

À Shawbridge, à côté de l’invention de Foster, se trouvait le Laurentian Lodge Club. L’un des propriétaires du club, « Jackrabbit » Johannsen, organisait des randonnées à ski de fond dans la forêt environnante. C’est Johannsen qui a tracé le sentier Feuille d’érable qui traverse les Laurentides, reliant une auberge à l’autre. Puis il y a eu les remonte-pentes en T ou à soucoupes.

Le premier télésiège s’appelait le crochet à banane. Jim Curran avait auparavant inventé un convoyeur pour transporter les bananes de la plantation aux wagons sans les abîmer. Il aurait utilisé le même concept pour les fessiers des skieurs. L’installation du premier télésiège simple au Canada eut lieu à Mont-Tremblant en 1939.

Mount Norquay exploite toujours une chaise double, installée en 1948, laquelle dessert le célèbre Cliffhouse Bistro. Puis il y a eu les gondoles, plus chaudes et plus confortables. En 2008, c’est l’ouverture de la télécabine Whistler-Blackcomb crête à crête qui s’étend sur 4,4 km entre les deux montagnes. Chaque télécabine peut accueillir 28 personnes, déplaçant 4 100 skieurs par heure.

À Grouse Mountain, à Vancouver, la télécabine Red Skyride a une capacité de 101 passagers. Les 730 mètres de câble d’Alex Foster font partie d’une riche histoire et ont énormément apporté à l’industrie du ski. C’est avec nostalgie que je repense au câble de remontée. Il procurait un tel sentiment de liberté, tout comme lorsque l’on s’achète son premier vélo ou sa première voiture.

Quelle sensation incroyable que de gravir les pentes ainsi !

 

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Jeff Swystun

 

Jeff Swystun46 Posts

Conférencier prolifique et écrivain, Jeff a donné plus de 115 conférences dans 25 pays. L'expertise de Jeff en matière de stratégie d'entreprise, de stratégie de marque et de marketing a mené à l'ouverture de Swystun Communications en 2012. / A prolific speaker and writer, Jeff has appeared at over 115 conferences in over 25 countries. Jeff’s expertise in business strategy, branding and marketing led to the opening of Swystun Communications in 2012. SC is a boutique agency focused on the intersection of business and brand strategy.

1 Comment

  • Peter Reply

    février 26, 2021 at 12:34

    I think chalet cochand had the first double chairlift. It was a mueller double from Europe.

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