Un véritable passionné du ski

Conrad Guay le 25 mars 2017. © Gary Yee

Conrad Guay nous a quittés le 7 octobre dernier à l’âge de 82 ans. Connu pour sa carrière d’entraîneur et celles de ses trois fils, son amour pour le ski remonte à son plus jeune âge. Natif de la rive sud, c’est au centre de ski de Rougemont qu’il dévale ses premières pentes. Dès lors, il se forge des amitiés fidèles, notamment avec René Beauchamp et Bernard Trottier.

La famille s’installe à Montréal près de la côte Morgan, où se trouve maintenant le Stade olympique. Il peut ainsi skier à quelques rues de chez lui. Conrad se joint au Club de ski Satellite de Montréal et, en compagnie d’adeptes du sport, se rend à la petite station de ski à Prévost. Les voisins de son quartier sont des mordus de ski ; il rencontre Michel Dubreuil, André Burns et Pierre Petit qui deviendront des amis à vie.

Conrad étudie au collège Saint-Laurent où il se prépare pour la vraie vie. Mais il aime le sport et ne se compromet pas – tu es sportif ou tu ne l’es pas. Il joue au hockey avec ses copains Noël Lirette et Pierre Petit, au tennis avec Claude Dumontier et bien sûr, il skie !

Par ailleurs, il s’engage chez les pompiers. Les exigences du métier lui confirment que se maintenir en forme est essentiel et il passe de nombreuses heures au gymnase à soulever des poids. Ça fait tout simplement partie du travail.

Son horaire, 7 jours à la caserne 7 jours de congé, lui donne l’opportunité de devenir patrouilleur à Tremblant sous la direction de Sonny Draper durant l’hiver 61-62. Puis, il devient moniteur à Villa-Bellevue et au Manoir Pinoteau, toujours une semaine sur deux. Le printemps venu, de 1962 à 1970, lui et ses amis se rendaient au mont Washington pour attaquer un couloir dangereux et raide : le Tuckerman Ravine.

L’appel de la montagne

À la fin des années 60, la montagne l’appelle. Il quitte le métier de pompier – adieu pension et tous les avantages – et s’établit dans ce qu’il appelle le plus beau coin du monde, Mont-Tremblant.

Au bar Chamonix Mont-Blanc du mont Fugère, près de Sainte-Agathe-des-Monts, il passe des heures avec Robert Fugère. Ils discutent technique; soit d’enseignement destiné à une population grandissante d’amateurs de ski ou d’entraînement pour les skieurs d’élite. Il faut savoir que Conrad s’est intéressé au ski de compétition bien avant la naissance de ses trois champions de fils.

Durant l’hiver 69-70, Conrad devient technicien pour la compagnie Lange et les skis Dynamic. Il accompagne l’équipe nationale canadienne de ski alpin sur le circuit de la Coupe du monde. En été et en automne, il se retrouve dans les camps d’entraînement sur les glaciers des continents nord-américain, sud-américain, d’Europe, d’Australie et de Nouvelle-Zélande.

Je faisais partie des skieurs qui utilisaient ces pièces d’équipement. Conrad s’assurait que les bottes Lange étaient adaptées aux coureurs, que les carres des skis étaient bien aiguisées et que le fartage convenait aux conditions atmosphériques de la compétition.

En 1974, il rentre à Mont-Tremblant où il devient directeur de l’école de ski jusqu’en 1989. Michel Beaulieu, un de ses jeunes moniteurs qui deviendra lui-même directeur de l’école dira de Conrad : « Il était très discipliné et ne comptait jamais ses heures. Ce que j’appréciais chez lui comme patron, c’est qu’il se montrait juste et toujours franc ».

Pendant cette même période, Conrad siégeait au comité technique de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada où ses confrères le respectaient.

Une rencontre marquante

L’évènement marquant dans la vie de Conrad Guay, selon ses amis les plus intimes, restera sa rencontre avec Ellen Mathieson. Née d’une mère norvégienne et d’un père danois, Ellen fait la connaissance de Conrad lors d’un cours offert par l’Alliance des moniteurs de ski à Stoneham. Plus qu’une conjointe, elle sera sa complice et ensemble, ils formeront une solide équipe. Ellen mettra au monde trois fils; Kristian (1979), Erik (1981) et Stefan (1986).

Devant les talents indéniables de ses enfants, Conrad entreprendra de se perfectionner comme entraîneur. Il participera, à ses frais et à titre d’observateur, à un stage de l’équipe du Québec à Sölden, en Autriche et à Val Senales, en Italie durant l’automne 1992. Il sera entraîneur au club de ski Mont-Tremblant, à la division laurentienne de l’équipe du Québec et enfin, pour l’équipe du Québec (hommes et femmes).

Il a entre autres guidé les carrières du slalomeur Julien Cousineau, de Thomas Rinfret, Ryan Semple et J.P. Roy. Il deviendra, au niveau national, entraîneur pour l’équipe féminine. La légendaire Nancy Green, qui appréciait ses talents d’adversaires au tennis, dira de lui : « He was a great coach ! ».

Le ski dans l’ADN

Soulignons que les trois fils de Conrad et d’Ellen ont réussi comme skieurs d’élite sur la scène internationale. Détenteur d’un globe de cristal en super-G en 2010 et de deux titres de champion du monde – le premier en descente en 2011 à Garmisch-Partenkirchen et le second en super-G en 2017 à Saint-Moritz – Erik est le skieur alpin canadien le plus décoré de l’histoire.

Conrad a sans conteste contribué à l’éclosion des nouveaux talents canadiens. En 2008, il fut intronisé au Temple de la renommée du ski des Laurentides et en 2014, il reçut le certificat de reconnaissance de 50 ans d’adhésion à Canadian Ski Instructor’s Alliance.

Ses amis s’entendent pour dire qu’il a vraiment vécu sa passion, d’abord comme skieur, puis comme patrouilleur, comme entraîneur, comme père de skieurs champions et comme grand-papa de futurs champions.

Au revoir, Conrad.

Ce texte a été rédigé à partir des archives de Claude Dumontier et la participation de Martin Jean, Michel Beaulieu, Robert Fugère et Ellen Guay.

 

Plus de cet auteur ? Cliquez sur sa photo ci-dessous.

Peter Duncan

 

 

Peter Duncan121 Posts

Membre de l’équipe canadienne de ski alpin de 1960 à 1971, skieur professionnel de 1971 à 1979 et champion américain en 1965, Peter Duncan a participé aux Jeux olympiques de 1964 à Innsbruck ainsi qu’à ceux de 1968 à Grenoble. Intronisé au Temple de la renommée du ski au Canada, au Panthéon des sports du Québec et récipiendaire de la médaille du gouverneur général, Peter a longtemps été commentateur de ski à la télévision./ Peter Duncan is a Canadian former alpine skier who competed in the 1964 and the 1968 Winter Olympics. He was named to the Canadian National Alpine Team in 1960 at the age of 16 and competed at the national level for the next 10-years until 1970 before retiring.

Michel Normandeau

Connor O’Brien

1 Comment

  • Tammy Reply

    novembre 16, 2021 at 7:23

    Bonjour!
    Comment fait-on pour communiquer avec M Duncan?
    Mon père a 84 ans et il a côtoyer plusieurs personnes emblématiques de la région.
    Il aurait peut-être des histoires intéressantes à raconter!
    Merci

Laissez un commentaire

Login

Welcome! Login in to your account

Remember me Lost your password?

Lost Password