Un loup dans votre cour !

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par Hugues Tennier, Responsable du Service de la conservation et de l’éducation de la Sépaq

Si le parc national du Mont-Tremblant se définit comme 400 lacs dans les collines du loup, il est facile d’imaginer qu’habiter à proximité, c’est vivre dans un monde forestier de lacs, de collines… et de loups ! Est-ce votre réalité ?

Connaissez-vous quelqu’un qui a vu des loups sur le lac Tremblant ou sur les pistes du Domaine Saint-Bernard ? Hé oui, le plus grand parc national du sud du Québec se caractérise par une faune typique des grands massifs de forêts profondes. Le loup y est au sommet de la chaîne alimentaire et peut visiter votre municipalité.

Les dernières études faites au parc démontrent que ce grand prédateur ne se porte pas si bien que cela. Il dépend fortement de l’extérieur du territoire. Aucun loup ne se contente du parc national. Pour subvenir à leurs besoins, ils le quittent tous à un moment ou à un autre. Les adultes sont alors exposés à une mortalité d’origine humaine ; accidents routiers, chasse, piégeage, braconnage. Près de 35 % des loups étudiés par l’équipe du parc sont morts de main d’homme ces dernières années.

L’équilibre des meutes en ressort déstabilisé, surtout lorsqu’une victime est membre d’un couple reproducteur. Il est fréquent de ne compter que deux ou trois loups dans une meute en fin d’hiver. Les louveteaux de l’année ont un taux de mortalité naturelle énorme.Une autre menace guette les loups. Elle est génétique. Depuis les années 40, le coyote a colonisé le Québec. Non inquiété par les loups, il est désormais bien installé dans la région.

La continuelle déstabilisation des meutes force les loups à rencontrer d’autres canidés pour se reproduire. Comme les meutes ne peuvent protéger leurs territoires des coyotes, les gènes circulent entre les deux espèces ; il y a des croisements. Les loups doivent donc rencontrer d’autres loups pour maintenir une bonne génétique. On sait que des loups du parc ont visité le parc national de la Mauricie, les environs de la réserve faunique de Papineau- Labelle et même le lac Saint-Jean.

Ces échanges sont requis pour éviter la consanguinité. Pour se déplacer, ils ont besoin de corridors forestiers. La traversée de la 117 est difficile, voire impossible, pour une meute de loups et de louveteaux.

On sait désormais que des meutes de loups en santé ont un impact important sur la biodiversité. Elles favorisent le renard aux dépens du coyote. Elles créent un sentiment de peur chez les cerfs qui deviennent plus prudents et se regroupent dans de petits ravages. Les meutes régulent les populations de proies et limitent les surabondances, permettant à la végétation d’être plus dense.

Elles s’attaquent aux animaux malades, affaiblis, et limitent ainsi la propagation des maladies – telle la maladie de Lyme – tout en favorisant les individus forts et en santé. Hé oui, contre toute attente, les meutes de loups en santé stimulent le développement des beaux cervidés mâles avec un panache ! Vous êtes tannés des cerfs qui mangent vos haies de cèdres ? Avez-vous déjà pensé embaucher des loups ? « Quelle drôle d’idée », direz-vous.

Aucun cas d’attaque de loup sur l’humain n’a été documenté au Québec ces 100 dernières années. Lorsque nous voyons un loup au parc national, ce n’est que quelques secondes ; le temps qu’il disparaisse. Nos plus anciens employés en ont rarement aperçu dans leur carrière. Le loup se méfie de l’homme ; c’est viscéral.

Ces animaux ont besoin de vous pour être en santé et contribuer à vous offrir un environnement sain. N’attachez pas d’importance aux fausses croyances qui prétendent que les loups sont dangereux, qu’ils empêchent le développement de cerfs ; trophées pour les chasseurs.

Possédez-vous une vaste propriété ? Vous pourriez envisager une démarche de conservation pour le maintien du couvert forestier. Pourquoi ne pas aussi vous intéresser aux organismes Écocorridors laurentiens et Conservation de la nature Canada (CNC) ? Ils ont besoin de financement et de bénévoles pour la connectivité des aires protégées de la région.

Pour en savoir plus : sepaq.com/pq/mot/loups

Bon hiver et au plaisir de vous croiser sur un de nos sentiers !

 

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Hugues Tennier

 

Hugues Tennier4 Posts

Hugues Tennier est responsable du Service de la conservation et de l’éducation au parc national du Mont-Tremblant. Hugues Tennier is officer In charge of the Department of Conservation and Education at Mont-Tremblant National Park.

3 Commentaires

  • Huguette Larose-Curtis Reply

    janvier 11, 2022 at 10:35

    Merci à Hugues Tennier pour cet excellent article. Le loup est présent dans les zones villégiatures fauniques de la Ville. On en a vu sur le Lac Ouimet courir après les cerfs et autour du lac. Il n’attaque personne et on doit le laisser vivre en paix.

  • Rene Dionne Reply

    janvier 31, 2022 at 8:47

    On vient tout juste de voir un loup courir sur notre chemin, dans la municipalité du Lac Supérieur, tout près du Lac Equerre ce Lundi 31 Janvier. Impressionnant, notre chien était dans tout ces états

    On a googlé et trouver votre article, merci

    Simplement pour vous en informer

    Salutations

  • Sylvie Reply

    février 20, 2022 at 8:28

    Dans La Vallée de la Grise à Lac Supérieur nous avons été réveillés en pleine nuit par des hurlements de Loups qui étaient sans doute sur la boucle Tremblant qui passe à côté, nous les avons aperçu au petit matin , c’était terrifiant et exceptionnel!

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