Patrouilleur en ski : loin d’une simple balade en montagne, une vocation

©Paul Laramée

Collaboration spéciale : Paul Laramée

Nouvellement formé par l’Institut national de secourisme du Québec (INSQ)[1], le plus important réseau de patrouilles privées du Québec, l’auteur présente son expérience vécue afin de répondre aux exigences de la formation en fonction de la diversification des pratiques de glisse au Québec.

L’hiver, pour moi, c’est le ski. Je ne peux m’imaginer un hiver sans skier. Étant travailleur autonome, j’ai décidé de joindre l’utile à l’agréable en explorant la possibilité d’être patrouilleur en ski dans ma région, celle des Laurentides. Une recherche sur internet, en tapant « patrouille en ski », m’amène directement sur le site web de l’INSQ[2]. Et hop, l’aventure commence !

L’évolution du ski et de la planche à neige, et le risque associé

Les techniques de secourisme en montagne doivent forcément tenir compte de l’évolution du sport de glisse et de sa clientèle.

L’accroissement de la prise de risques en ski et en planche à neige, tels les sauts et les « activités acrobatiques », particulièrement dans les parcs à neige offrant différents modules tels que des tremplins, des box ou des rails, explique cette augmentation.

Entre les années 1990 et 2004 – l’âge d’or de la planche – le nombre de planchistes triplait. En réponse à ce phénomène, le ski « parabolique » est apparu au tournant des années 2000, et le ski « twin tips », doté d’une spatule aux deux bouts, permettait au skieur de glisser dos à la piste.

Ces « nouveaux » skis furent précurseurs du « free style » et ont ouvert les parcs à neige aux skieurs.

Et, vous l’aurez deviné, une augmentation du risque d’accident qui y est associé en particulier au niveau des traumatismes crâniens qui sont plus courants chez les planchistes et « free riders » que chez les skieurs conventionnels ; le risque de blessures est de trois à quatre fois plus élevé en planche à neige qu’en ski alpin traditionnel, selon le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.

Ce qui rend les interventions du patrouilleur encore plus délicates.

Devenir patrouilleur

Mentionnons d’entrée de jeu que pour être patrouilleur, il faut avoir un minimum de 16 ans, suivre une formation initiale de 56 heures (des formations ultérieures sont à prévoir en fonction des exigences spécifiques aux centres de ski), réussir les examens théoriques et pratiques et, il va sans dire, avoir un niveau de ski/planche à neige intermédiaire-avancé.

Déjà, en feuilletant le Guide du patrouilleur, je réalise l’ampleur des connaissances à acquérir : un peu intimidant je dois l’avouer.

Une formation en évolution

Pour la formation de base, il faut compter les nombreuses heures de lectures exigées à la préparation des cours et, accréditation oblige, à l’examen théorique et pratique. Il s’agit d’une formation à la fois sévère et sérieuse. L’INSQ offre un support et un encadrement sur place et en ligne afin que les participants puissent avoir les ressources nécessaires pour devenir des secouristes efficaces en montagne.

Et cette certification n’est pas permanente, elle est sujette à une réévaluation annuelle en tenant compte de l’évolution des nouvelles techniques de secourisme en montagne.

Des « sims » éprouvants mais nécessaires

Au cours de la formation théorique, on apprend comment faire l’examen de la victime – le diagnostic – dans le but d’évaluer quelle est l’intervention la plus appropriée pour porter secours.

Ce qui peut aller d’une simple coupure ou ecchymose, à une insuffisance cardiaque (angine de poitrine), un infarctus (crise cardiaque) ou accident vasculaire cérébral (AVC) en passant par les fractures, état de choc et les traumatismes crâniens.

À la formation théorique s’ajoute les « sims » – diminutif pour simulations – qui sont des exercices qui tiennent compte des différents accidents complexes qui peuvent survenir en montagne.

Et les instructeurs-formateurs s’en donnent à cœur joie avec leurs hurlements associés aux pseudo-douleurs, on ne peut plus réels, de quoi mettre les patrouilleurs en formation dans un état de stress avancé.

Outre l’examen théorique, chaque candidat doit réussir avec succès le diagnostic associé à divers cas d’interventions complexes au cours d’une période de trois heures; ce sont les « méga-sim » !

Cette formation m’a permis de réaliser à quel point les patrouilleurs sont des passionnés du ski et que leur rôle en montagne tient plus de la vocation que du passe-temps. Alors, la prochaine fois que vous croiserez un patrouilleur en montagne, dites-vous bien qu’il est davantage là pour vous, que pour lui !

[1] École agréée par le gouvernement du Québec pour la formation des secouristes en ski alpin

[2] patrouilledeski.ca/formation-patrouilleur-de-ski

1 Comment

  • Jonathan Reply

    mars 10, 2020 at 6:43

    Je suis en total désaccord avec la deuxième partie du texte ciblant les parcs à neige comme étant la cause des augmentations d’accidents. Le nombre d’accidents dans ces secteurs est minime versus en terrain standard.

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