Maskomicic : l’homme qui nous invite à créer nos propres rituels

Maskomicic. © Guillaume Vincent

Il y a quelques semaines, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Fernand Niquay, dont le nom atikamekw est Maskomicic (prononcé Maskomishish), signifiant Crystal de glace. La relation étroite qu’il entretient avec la Terre-Mère et les éléments pourrait apparaître candide. Pourtant, la vie, pleine de surprises, incite certains d’entre nous à reconnaitre et à suivre les synchronicités et les signes du destin.

L’œil rieur, l’homme médecine d’une soixantaine d’années raconte paisiblement certaines pages de son histoire. Fernand a vécu la vie nomade au sein de sa famille jusqu’à l’âge de six ans. Il en garde de merveilleux souvenirs qu’il évoque avec beaucoup de joie, comme ces hivers durant lesquels toute la famille, raquettes aux pieds, tirait des traineaux et se déplaçait en toute confiance sur le territoire enneigé.

Les yeux de Maskomicic s’assombrissent cependant quand vient le temps d’évoquer les neuf années qui suivirent cette enfance bien heureuse. Le pensionnat, dans lequel il fut placé, à l’instar de milliers d’autres enfants autochtones, a laissé des traces encore perceptibles. Fernand se tait et le silence n’est interrompu que par les cris des enfants qui jouent dans le parc ; ces mêmes enfants que les aînés laissent gambader lors des cérémonies, car « c’est en jouant que les enfants apprennent ».

Créer ses propres rituels

Coupé de ses racines et de l’apprentissage dont il aurait dû bénéficier dans sa jeunesse, Fernand s’est créé les rituels nécessaires à son cheminement personnel. Une de ces cérémonies, toute simple, l’amène à se centrer et se positionner dans le « ici et maintenant ». Fernand caresse d’abord la Terre d’une main et dirige l’autre en direction du ciel avant de les fermer et de les porter à son cœur : « le Ciel et la Terre ». Une main se dirige ensuite vers l’arrière de son dos pour attraper son passé tandis que l’autre empoigne l’énergie se trouvant devant lui : « Le passé et le futur ». Enfin, il étend les bras de chaque côté pour amener à son cœur les énergies du féminin et du masculin.

« La clé est de vivre l’instant présent, soutient-il. Il est inutile de mentaliser ce qui arrive. Il est préférable de rester dans le cœur et dans l’énergie de l’Amour maternel qui revient en force actuellement. »

L’ancienne et la nouvelle énergie

Selon Fernand, le dernier passage de la comète de Halley, en 1986, eut pour effet d’initier un changement pour la Terre, le Soleil ainsi que le Cosmos. La nouvelle ère, vers laquelle se dirigent « ceux qui cheminent » sera en tous points différente de l’époque de l’ancienne énergie à laquelle « beaucoup s’accrochent encore ». Cette transition, Fernand la perçoit en toutes choses, mais reconnait que chacun avance à son rythme.

« Auparavant, les êtres humains étaient restreints et ne pouvaient tolérer certaines énergies trop puissantes. Les esprits étaient présents sur Terre pour les protéger. Le travail des esprits a maintenant été transféré à l’être humain », expose-t-il.

Savoir reconnaitre les signes

Les anecdotes de Fernand concernant des signes l’ayant aiguillé tout au long de sa vie sont légion. L’une d’entre elles eut lieu un jour d’octobre. Excellent chasseur, principalement d’orignaux, Fernand croit qu’un jour ou l’autre, tout homme doit cesser de chasser. Un matin, alors qu’il tenait un orignal en joue, un oiseau vint se poser dans sa ligne de mire. Un signe, selon lui, que son temps était venu.

« Les signes viennent quand bon leur semble, explique Fernand. J’ai tenté de les faire apparaitre à maintes reprises, mais sans succès. On peut choisir de ne pas en tenir compte, mais l’oiseau m’a fait comprendre que si j’ignorais son avertissement, je serais peut-être blessé ou je blesserais mon ami. J’ai arrêté ce jour-là. La Terre-Mère, à travers la nature, édicte le code d’éthique et nous envoie des messages, poursuit-il.

Certains animaux doivent rester en vie, comme un orignal que j’ai souvent eu en joue et que pour diverses raisons, je n’ai jamais pu abattre. Il ne faut pas insister. Le respect, la paix, l’amour et la tolérance sont la nourriture de la Terre- Mère. C’est ce qu’il faut mettre en place. Il faut marcher la ligne de la vie, la ligne du cœur », conclut Fernand.

 

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Guillaume Vincent

 

Guillaume Vincent432 Posts

Rédacteur et journaliste de profession, Guillaume Vincent a fait ses armes au sein de l’agence QMI. Il s’est joint au Tremblant Express en 2014. Promu en 2017, il y assume depuis le rôle de rédacteur en chef et directeur de la publication. / A writer and photojournalist by profession, Guillaume Vincent won his stripes in the QMI agency. He joined Tremblant Express in 2014. Promoted in 2017, he has been editor-in-chief and co-publisher since then.

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