Mary Ryan, pionnière de Tremblant

Née Mary Rutherford en 1906, dans la petite ville de Paoli, en Pennsylvanie, Mary rencontra et épousa Joe Ryan à New York. Elle visita pour la première fois Mont-Tremblant en 1940 et s’y installa avec ses jeunes enfants Peter et Seddon, en 1942.

Cette femme, qui connaissait la vie riche en culture qu’offrait New York et qui avait, grâce à la fortune de son mari, accès à tout ce que celle-ci pouvait offrir, se retrouva dans une région en mal de modernité.

Aux pieds des pentes, tout était à construire; les routes, l’hôtel, le village, sans oublier les infrastructures permettant l’accès à l’eau courante.

À la mort de son mari, à l’automne 1950, Mme Ryan hérita d’un centre de ski, rien de moins. Le défi fût considérable, mais elle n’hésita pas une seconde à en prendre les rênes.

À l’époque, les femmes ne se retrouvaient pas à la tête de grandes entreprises, mais dès le départ, elle y apporta une touche délicate et raffinée qui attira une clientèle exclusive à la recherche de nouveauté.

Elle se concentra rapidement sur les détails : le style du petit village au pied des pentes, le service à la clientèle, la salle à manger, le chef cuisinier, la décoration des petits chalets et des aires communes. Ces espaces n’étaient pas nécessairement luxueux, mais confortables, chaleureux, riches en couleurs et en personnalité.

La pierre angulaire : l’équipe

L’année qui suivit le décès de son mari, Mme Mary (on l’appelait ainsi) fut approchée par des investisseurs désireux de faire l’acquisition du centre de ski. Après tout, pourquoi une femme seule au bout du monde voudrait-elle poursuivre le rêve de feu son époux ?

Elle refusa l’offre pour deux raisons.

Premièrement, cette dernière était dérisoire. Deuxièmement, Mme Ryan savait reconnaitre et apprécier le talent des personnes qui l’entouraient, et elle demeurait persuadée qu’elle avait les capacités de mener à terme le rêve de Joe Ryan grâce à l’équipe de gestion et d’opérations que celui-ci avait constituée.

Mary Ryan

Les prémices du développement durable

À son arrivée, M. Ryan s’était porté acquéreur d’un immense territoire dont une partie était située sur le bout sud du lac Tremblant. Au cours des années 50, Mary Ryan institua un projet de zonage pour assurer la protection de la beauté du lac et de ses rives.

Les futurs propriétaires de ces terrains devaient respecter l’espace alloué pour la construction, se limiter dans le nombre d’arbres abattus et garder une distance du bord de l’eau. Une initiative qui a grandement servi la préservation de notre magnifique lac.

L’élite du ski, à l’origine de la notoriété de Tremblant

Mme Ryan était également responsable des activités sur la montagne et elle encourageait les compétitions de ski. Elle invitait des coureurs de calibre international à participer aux compétitions tenues à Mont-Tremblant.

À cette époque, il y en avait trois d’importance : la Québec Kandahar, la coupe Ryan, en l’honneur de M. Ryan, et la coupe Taschereau. Mme Ryan savait très bien que la qualité et le calibre de ces compétiteurs avaient une incidence directe sur la perception de la qualité des pentes et de l’importance de son centre de ski.

La femme d’affaires

Même à la fin des années 50, les centres de ski étaient tributaires de la température. Mme Ryan n’était pas une grande skieuse, mais elle était une excellente femme d’affaires.

Elle réalisait que si les pentes étaient en mauvais état en janvier et en février, alors que les hôtels affichaient complet, la caisse en souffrait. Elle s’est donc munie d’une police d’assurance « neige » avec la Lloyd’s of London grâce à des données permettant d’établir un modèle des chutes de neige.

Ainsi, elle s’est assurée que pendant les périodes difficiles, Tremblant ne fonctionnait pas sans filet. C’était bien sûr avant la magie de la neige artificielle.

Je lève mon chapeau à Mme Mary Rutherford Ryan, une véritable pionnière qui sut relever un défi incroyable dans une époque réservée aux hommes. Elle a su se démarquer de façon remarquable et réussir malgré les embuches.

Cette femme, avec son sens de l’hospitalité, son bon gout et son élégance a grandement contribué à la légende qu’est devenu le mont Tremblant.

 

Du même auteur : Les oubliés: Osias Ouimet (Cliquez sur l’image)

 

Peter Duncan123 Posts

Membre de l’équipe canadienne de ski alpin de 1960 à 1971, skieur professionnel de 1971 à 1979 et champion américain en 1965, Peter Duncan a participé aux Jeux olympiques de 1964 à Innsbruck ainsi qu’à ceux de 1968 à Grenoble. Intronisé au Temple de la renommée du ski au Canada, au Panthéon des sports du Québec et récipiendaire de la médaille du gouverneur général, Peter a longtemps été commentateur de ski à la télévision./ Peter Duncan is a Canadian former alpine skier who competed in the 1964 and the 1968 Winter Olympics. He was named to the Canadian National Alpine Team in 1960 at the age of 16 and competed at the national level for the next 10-years until 1970 before retiring.

Le clan Goodman

Michel Normandeau

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