L’empreinte carbone des publications papier

Plus écolo de s’informer en ligne qu’avec une publication papier ? Pas vraiment, selon diverses études sur le sujet publiées au cours des dernières années.

De prime abord, naviguer sur l’internet pour en savoir davantage sur les derniers écarts du président américain, connaitre la plus récente décision du gouvernement québécois ou ce qui se passe à Mont-Tremblant semble avoir un tribut écologique limité.

Ce n’est toutefois pas le cas, en raison de la quantité phénoménale d’énergie engloutie par les serveurs et autres centres de données, sans lesquels la toile n’existerait pas. Ajoutons à cela les procédés de fabrication des appareils numériques.

« L’énergie utilisée pour une heure sur l’internet (au niveau mondial) équivaut à 4 000 tonnes de pétrole, soit 4 000 allers-retours Paris-New York », a écrit Josée Duplessis, directrice générale de la Maison du développement durable, dans un texte d’opinion publié par le journal Métro, en juin dernier.

Selon une synthèse des résultats de six études réalisées en Finlande et en Suède entre 2010 et 2012, l’empreinte carbone des magazines à la fois imprimés et en ligne est globalement semblable, mais dépend aussi de plusieurs variables.

Combien de pages compte la publication papier et quel est son tirage ? Combien y a-t-il de lecteurs par exemplaire ? Quels sont les procédés de fabrication du papier et d’impression ? Du côté web, comment est produite l’énergie alimentant les serveurs ? Combien de temps passent les lecteurs en ligne ? Enfin, impriment-ils les articles qui les intéressent davantage ?

« En fonction des habitudes et du temps de lecture, le journal imprimé est [même] souvent meilleur que les versions en ligne ou mobile en raison d’un bilan carbone inférieur », soumet Manfred Werfel, de l’Association mondiale des journaux, cité par le réseau RTL.

Il ajoute que « d’un point de vue de la protection de l’environnement, il n’y a pas de raison de rejeter les journaux imprimés au profit de leur version électronique ».

Le National Geographic

Le vénérable National Geographic s’est aussi penché sur la question en finançant une étude de l’International Journal of Life Cycle Assessment.

« L’étude a démontré que le cycle de vie moyen du magazine National Geographic produit environ 0,82 kg de dioxyde de carbone/équivalent. La quantité des émissions de GES par cycle de vie de chaque magazine produit à peu près la même quantité de GES qu’une voiture (8,5 kilomètres par litre) sur une distance de trois kilomètres. »

Cependant, Josée Duplessis note que l’impact environnemental du web peut être moindre au Québec, où l’hydroélectricité est considérée comme une énergie « propre et renouvelable », mais en autant que les serveurs des sites visités soient installés ici.

Et pour les livres et les tablettes, vous demandez-vous ? D’après un reportage collaboratif du Détecteur de rumeurs et du site Unpointcinq publié sur le site du scientifique en chef du Québec, des chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi ont établi qu’un livre de poche fabriqué au Canada ou aux États-Unis génère 2,71 kilos de CO2.

L’iPad Pro, nous dit Apple, en émet 120 à 160 kilos pendant son cycle de vie, de l’extraction de la matière première à son recyclage.

« Il ressort donc de ces chiffres qu’après quatre ans d’utilisation intensive (durée de vie moyenne d’un iPad, selon Apple), l’empreinte carbone d’une liseuse correspond à celle de 45 à 65 livres neufs », écrit l’auteur, Aurélie Lagueux-Beloin.

Morale de cette histoire : vous pouvez lire votre Tremblant Express sans l’ombre d’une culpabilité environnementale.

 

Alain Bisson47 Posts

Journaliste depuis plus de 30 ans, Alain Bisson a débuté sa carrière au Journal de Montréal à titre de journaliste à l'économie. Au cours des dernières années, Alain fut également directeur du pupitre et directeur des contenus week-end à La Presse. / A journalist for more than 30 years, Alain Bisson began his career at the Journal de Montreal as a journalist covering economics. In recent years, Alain was also weekend content director and bureau chief for La Presse.

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