L’écureuil volant peut-il vraiment voler ?

La nuit venue, un écureuil aux grands yeux noirs s’active dans la forêt et visite parfois les mangeoires d’oiseaux. Il s’agit du polatouche, l’écureuil volant. À le voir s’élancer d’un arbre à l’autre, on le croirait capable de voler comme un oiseau. Qu’en est-il ?

En fait le polatouche ne vole pas vraiment. Chez les mammifères, seules les chauves-souris ont la capacité de s’élever librement dans le ciel comme un oiseau ou un papillon, de se déplacer dans l’air à la force de leurs ailes.

Le polatouche est néanmoins un virtuose de la glisse aérienne. Il peut planer sur une distance de 30 à 50 m, parfois davantage, s’élançant du haut d’un perchoir pour atterrir un peu plus bas, directement au sol ou sur un arbre voisin.

Il se jette dans le vide tête première. Allongeant les pattes, il déploie son patagium, la membrane de peau musculaire qui s’étend entre ses membres et ses flancs et qui a inspiré le fameux « wingsuit » des « base jumpers ». Durant le « vol », sa queue large et aplatie joue le rôle de stabilisateur et son patagium sert de surface portante.

Il peut changer de direction et virer à 90 ou même 180 degrés en modifiant la tension des plis latéraux et en bougeant la queue. Il atterrit la tête vers le haut, en levant la queue et en freinant à l’aide de son patagium qui agit comme un parachute.

Le polatouche dispose d’une vision nocturne bien développée.  Ses grands yeux noirs captent la moindre lueur et lui permettent de s’orienter dans l’obscurité.

Parce qu’il émet des cris aigus lorsqu’il se déplace, on a cru longtemps que le polatouche pouvait se diriger par écholocalisation comme la chauve-souris. Mais l’examen de son système nerveux semble contredire cette hypothèse.

On trouve chez nous deux espèces d’écureuils volants. La plus commune, le grand polatouche, occupe presque toutes les régions boisées du Canada. La seconde, le petit polatouche, vit dans l’extrême sud du Québec et l’est des États-Unis.

Ouvrez grand les yeux et profitez des nuits claires pour observer ces êtres fascinants.

Ce mois-ci le polatouche est en vedette à l’Animalium, le musée zoologique de Mont-Tremblant.

 

Du même auteur : Cerfs de Virginie : attention aux collisions (Cliquez sur l’image)

 

Jacques Prescott131 Posts

Jacques Prescott est biologiste, professeur associé à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Spécialiste de la biodiversité et du développement durable, il est l’auteur de nombreux livres et articles sur la faune et la conservation de la nature. Il nous fait l’honneur de rejoindre notre équipe de collaborateurs et signera chaque mois une chronique intitulée Faune et flore. / Jacques Prescott is a biologist, associate professor with the Chair in Eco-Counselling of the Université du Québec à Chicoutimi. A specialist in biodiversity and sustainable development, he is the author of numerous books and articles about wildlife and nature conservation. He has honoured us by joining our team of contributors and will write a monthly column entitled Wildlife and Habitat.

2 Commentaires

  • nathalie paré Reply

    mars 16, 2020 at 7:53

    Bonjour a vous pour la 1ère fois on a eu la chance de voir un écureuil volant a St-Tite-des-Caps ( QC ) le soir du 15 mars 2020 aux alentours de 21h30 et on a observer une grosse heures 🙂 il venait au bloc de suif accroché a un arbre,est que c’est reconnu qu’il en aurait plusieurs dans notre secteur ???

  • Roger Reply

    décembre 24, 2022 at 7:05

    Dans la mangeoire installée spécialement pour eux, presqu’à chaque soir, il y en vient jusqu’à 5 et même 6 empilés les uns sur les autres. Ils peuvent y passer parfois presque des heures.
    La cheminée de briques de la maison leur sert de piste d’aterrissage et de décollage.
    Je ne peux malheureusement pas joindre de photo.

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