Le vélo d’hiver : ami ou ennemi du plein air ?

Le vélo à pneus surdimensionnés (VPS) ou vélo d’hiver (fatbike) est une discipline en nette croissance. Mais la cohabitation de ce sport avec les activités de plein air existantes ne semble pas harmonieuse. Des skieurs de patin constatent des ornières dans leur piste, des fondeurs voient leurs traces détruites, ou des raquetteurs et randonneurs sont surpris par l’arrivée intempestive d’un vélo. Ce simple constat provoque-t-il chez vous des pensées assassines ?

Une autre activité « délinquante »

Faisons le point en commençant par un rappel des années 80 où la planche à neige fut d’abord interdite dans plusieurs centres alpins. « […] la planche à neige est perçue comme un loisir pour les rebelles, les adolescents casse-cou […]. Sur les pentes, les surfeurs des neiges sont plutôt accueillis avec hostilité par les skieurs, qui affirment qu’ils détruisent les pistes, leur coupent le chemin […], gâchant ainsi leur descente […].

Mais à mesure que le sport se fait connaître et que l’habileté des adeptes s’améliore, ces sportifs finissent par être mieux accueillis. » (Surf des neiges, Encyclopédie canadienne, 2018). Ces propos trouvent écho chez Benoît Poirier, copropriétaire de la boutique Cybercycle dans le secteur Village de Mont-Tremblant. « Nous sommes vus comme des parias et nous avons du mal à nous faire entendre », souligne Benoît.

Ce dernier reconnaît cependant que les adeptes du VPS (vépésistes) devront s’améliorer et apprendre notamment à utiliser le vélo approprié, à choisir une piste adéquate et à mieux évaluer les conditions de sortie.

Des règles non écrites

Benoît Poirier et son frère Philippe font partie des précurseurs du vélo d’hiver dans la région. « Au début, il y a environ dix ans, on pensait pouvoir rouler partout. On s’est rapidement rendu compte qu’il fallait une assise ferme, un fond de neige bien damée et des sentiers appropriés. On damait en tirant à la raquette un pneu de camion sur jante attaché à un harnais… »

Aujourd’hui, la municipalité de Mont-Tremblant compte un réseau de vélo hivernal de 25 kilomètres entretenus et tracés mécaniquement utilisant les sentiers de vélo de montagne. La difficulté de cohabiter concerne davantage les pistes multifonctionnelles comme le parc linéaire.

Mais, poursuit Benoît, « il existe une règle non écrite dans notre milieu : on ne devrait pas sortir lorsque le pneu enfonce de plus d’un demi-pouce ». Ou comme le dit le site surdeuxroues.org, « quand ça défonce, on renonce ». Le pneu ne doit pas être trop gonflé et avoir une largeur de quatre à six pouces. Les pneus de deux à trois pouces des vélos de montagne ne conviennent pas.

Des solutions

On ne sort pas après une tempête et on laisse la neige durcir après le traçage : compter au moins 4 heures. On évite les dérapages, les montées intempestives, surtout avec les nouveaux vélos à assistance électrique et on fait preuve de courtoisie. Si toutes ces consignes étaient suivies, tout serait plus facile.

Benoît mentionne aussi que les compagnies qui vendent des sorties guidées devront repenser leur pratique. « Que faire quand les sorties sont déjà vendues et que les conditions ne sont pas bonnes, ou que fait le touriste qui n’a qu’une seule journée pour expérimenter l’activité », s’interroge-t-il ? Benoît pense également qu’on pourrait utiliser les sentiers de raquette pour le vélo hivernal comme à Sainte-Adèle.

Notons en outre que dans la portion Val-David / Saint-Jérôme du parc linéaire, la pratique du vélo hivernal est concentrée dans la piste de marche, sur le côté, à l’extérieur des traces de ski de fond. Voilà un beau sujet à mettre à l’ordre du jour du Comité consultatif du réseau des sentiers créé cette année par la Ville de Mont-Tremblant.

 

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Daniel Gauvreau

 

Daniel Gauvreau80 Posts

Récréologue et journaliste de formation, tour à tour organisateur, formateur, consultant, chroniqueur et traducteur dans le milieu du plein air, Daniel Gauvreau est passionné d’activité physique en extérieur. De retour d’un périple au Québec et en France, il a choisi les Hautes-Laurentides pour satisfaire son amour de la nature. Semi-retraité, moniteur de ski de fond à SFMT, son expérience profite désormais aux lecteurs de Tremblant Express. Recreation professional and journalist by education, organizer, trainer, consultant, columnist and translator about the outdoors by experience, Daniel Gavreau is passionate about physical activity outside. Following a trip through Québec and France, he chose the Hautes-Laurentides as the place to satisfy his love of nature. Semi-retired and teaching cross-country skiing with SFMT, he now offers his experience to Tremblant Express readers.

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