Le magasin général des frères Letendre

La famille Letendre a longtemps maintenu une présence importante au village de Mont-Tremblant (lac Mercier). Originalement natif de Saint-Bonaventure dans le comté de Nicolet, Louis Letendre, en quête de travail, s’établit tout d’abord au Rhode Island où il prit en mariage Éléonore Rochon, le 22 juin 1900.

Rapidement, celle-ci tomba malade et ils décidèrent de revenir au Québec, plus précisément à Saint-Jovite. Leurs trois fils; Alexandre (1904- 1990), Paul (1906 -1995) et René (1908-1999) s’associèrent en 1936 pour ouvrir, au lac Mercier, un magasin général.

Le magasin général était situé à l’endroit où se trouve la Sandwicherie, et la maison familiale des Letendre était voisine au restaurant Milly’s. Ce magasin, une version miniature des grandes surfaces actuelles, était d’une importance capitale pour le village.

Rappelons qu’à cette époque, les chemins de terre étaient difficilement carrossables lorsqu’il pleuvait ou qu’il neigeait et peu d’habitants du village possédaient un véhicule automobile.

Donc, s’il manquait quelque chose à la maison, on se rendait au magasin à pied. On y trouvait de tout; de l’huile à lampe aux légumes en conserve sans oublier les pâtes sèches et le bois de foyer. On y retrouvait aussi tous les outils de base.

René, le plus jeune des trois frères, exploitait le commerce quotidiennement. Au bout du local, sa belle-sœur Annette – la femme de Paul – tenait un petit restaurant de style snack-bar.

J’ai connu les frères Letendre à la fin des années 40 et au début des années 50 alors que j’entrais à l’école chez les Sœurs de Sainte-Croix, au lac Mercier, plus précisément sur la rue du couvent. Ma mère me conduisait au village en voiture et comme nous habitions au versant nord du mont Tremblant, elle devait faire le tour de la montagne.

L’autobus scolaire de Paul Letendre

Au fil des mois, des parents lui demandaient s’il lui était possible de cueillir leurs enfants pour les déposer à l’école avec moi. Arriva un moment où il y avait plus d’enfants que de places dans l’auto, sans oublier que la responsabilité incombait à ma mère de transporter toute cette marmaille.

C’est à ce moment que Paul Letendre, à l’aide d’un petit camion Mercedes, devint notre chauffeur d’autobus scolaire. Ma mère me conduisait à la petite chapelle Saint-Bernard et j’étais le premier à monter dans l’autobus.

Paul Letendre fumait la pipe, rien d’original pour l’époque, tous les travailleurs fumaient au travail. Sauf que Paul fumait en conduisant l’autobus.

Lorsque j’arrivais à la maison, à l’auberge Devil’s River Lodge, ma mère s’empressait de me faire prendre un bain et s’assurait que je change de vêtements de crainte que les clients dans la salle à manger ne pensent que le fils de Charlie et Lucille fumait la pipe.

Les ventres-de-bœuf 

À l’époque, la route entre la montagne et le village n’était pas pavée. Au printemps, lorsque les rivières et les ruisseaux gonflaient et que l’eau submergeait le chemin, il se formait d’immenses trous de boue que l’on appelait « ventres-de-bœuf ».

Lorsque le camion s’enlisait dans la boue, les jeunes passagers – c’est-à-dire nous – devaient sortir de l’autobus pour pousser et dégager celui-ci. Souvent, Paul demandait à ma mère de suivre l’autobus en cas de pépins. Il faut dire que ma mère avait la réputation d’avoir une détermination sans borne et que rien au grand jamais ne m’empêcherait de me rendre à l’école.

L’un des pionniers des restaurants sportifs

Paul étendit son champ d’action et devint le chauffeur de taxi du village. Il n’était pas rare qu’il conduise les jeunes du lac Mercier vers d’autres villages pour aller au cinéma.

Annette, pendant ce temps-là, installa un téléviseur dans son restaurant; le seul du village. Les villageois veillaient ainsi au restaurant pour regarder la télévision.

Les Belles Histoires des Pays d’en Haut, La Famille Plouffe, et bien sûr, le hockey attiraient une belle clientèle.

Annette saisit l’opportunité. Chacun devait débourser 25 cents pour bénéficier de ce privilège et en cas de période supplémentaire, on devait ajouter un autre 25 cents.

Mon dernier souvenir personnel de Paul Letendre remonte au jour de mon mariage, en aout 1989.

Il se joignit spontanément à la réception qui se tenait au restaurant Abbé du Nord (ancienne résidence du curé Deslauriers). Comme plusieurs citoyens, il était venu trinquer à la santé de notre nouveau couple.

Il existait un sentiment de communauté très fort et si nous étions tous du même petit village, il était tout à fait naturel que nous fêtions tous ensemble. Je me sens privilégié d’avoir grandi dans un petit village où les adultes connaissaient les enfants… et où les enfants se sentaient en confiance et protégés.

 

Du même auteur : La famille Dubois (Première partie) (Cliquez sur l’image)

 

Peter Duncan121 Posts

Membre de l’équipe canadienne de ski alpin de 1960 à 1971, skieur professionnel de 1971 à 1979 et champion américain en 1965, Peter Duncan a participé aux Jeux olympiques de 1964 à Innsbruck ainsi qu’à ceux de 1968 à Grenoble. Intronisé au Temple de la renommée du ski au Canada, au Panthéon des sports du Québec et récipiendaire de la médaille du gouverneur général, Peter a longtemps été commentateur de ski à la télévision./ Peter Duncan is a Canadian former alpine skier who competed in the 1964 and the 1968 Winter Olympics. He was named to the Canadian National Alpine Team in 1960 at the age of 16 and competed at the national level for the next 10-years until 1970 before retiring.

Michel Normandeau

Connor O’Brien

2 Commentaires

  • William Reply

    décembre 12, 2021 at 9:33

    c`est a ce magasin au alentour de 1950 que ma mere a fait l`achat de ma premiere paire de Jeans, ayant ete inviter par nos anciens voisins les Slocum durant 2 ete a la grande residence Kreelman sur les berges du lac Mercier.

  • Tremblant's History Through its Trail Names - Blogue Tremblant Reply

    juin 16, 2022 at 10:44

    […] presence in the Mont-Tremblant municipality. The Letendre trail is therefore named in honor of the Letendre brothers, Alexandre, Paul and René, who for a long time owned the general store at Lac Mercier, in the old […]

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