L’avenir du voyage et du tourisme

Fabuleuse ville de Manarola, Italie – Cinque Terre, Ligurie. ©AdobeStock

Avant la pandémie, les destinations populaires étaient confrontées au surtourisme. Les foules avaient un impact négatif sur les environnements naturels et les attractions.

Pourtant, peu de responsables ont alors réagi, car la stratégie de l’industrie du voyage et du tourisme a toujours été « d’en faire plus ». L’objectif était d’augmenter le nombre de personnes dans les avions, sur les terrains de golf et les sentiers, dans les restaurants et les chambres d’hôtel.

Les chiffres du tourisme postpandémie sont fascinants. Les îles Vierges américaines obtiennent de meilleurs résultats qu’en 2019. Quant à Hong Kong, les voyageurs ont été séduits par l’offre de titres de transport gratuits à hauteur de 330 millions de dollars canadiens.

La Thaïlande, pour ce qui la concerne, est moins intéressée par de courts séjours dévastateurs. Elle recherche des visiteurs qui dépensent beaucoup et restent plus longtemps, et pense que son nouveau type de visa les attirera. Le principe est le suivant : plus de recettes et moins de dégâts.

Un récent concept appelé « voyage responsable » a vu le jour pour de multiples raisons. Avant la crise, les voyages étaient en plein essor en raison de la croissance démographique, de l’absence de formalités contraignantes, de l’offre alléchante des compagnies aériennes « low cost », de la surenchère de croisières, d’un nombre exponentiel d’options d’hébergement (Airbnb) et du battage publicitaire des médias sociaux.

Mais cela a eu un impact négatif sur la population locale, qui fait maintenant pression sur les dirigeants pour qu’ils repensent l’état d’esprit du « plus apporte plus ». La popularité d’une région oblige souvent les résidents à déménager pour cause de perturbations insupportables – sans oublier l’impossibilité de se loger à des prix abordables.

La destination Les Cinque Terre en Italie, avec ses maisons lumineuses emblématiques, en est une victime. Ces cinq villages comptent 4 000 habitants, mais reçoivent 2,4 millions de visiteurs par an. L’infrastructure de cette perle est à jamais endommagée et altérée par une circulation automobile démesurée et le piétinement constant des touristes.

Des voix s’élèvent pour limiter le nombre de villégiateurs à 1,5 million tout en leur réclamant des frais de réparation. Il est ironique de constater que la popularité d’un tel endroit finira par le tuer.

La magnifique baie de Maya en Thaïlande – rendue célèbre par le film The Beach de Leonardo Di Caprio – a été fermée en 2018 pour permettre aux récifs coralliens et à la vie aquatique de se refaire une santé suite à l’abus de visiteurs. La réouverture en 2022 a été conditionnelle au respect d’une longue liste de restrictions et de réglementations.

Les lieux de tournage de l’émission télévisée Game of Thrones ont été interdits, notamment le canyon Fjaðrárgljúfur, en Islande. Venise impose désormais des quotas et des taxes tout en limitant les navires de croisière. La côte amalfitaine a instauré une politique de plaques d’immatriculation paires pour réduire de moitié le nombre de visiteurs.

Il est intéressant de noter que des touristes choisissent maintenant les destinations en fonction des politiques de voyage responsable et des règles de durabilité en vigueur dans la région visitée. Ces touristes éveillés ne veulent pas contribuer à l’érosion ou à la destruction d’une destination.

Le tourisme au Bhoutan fonctionne selon le principe de « haute valeur, faible impact », ce qui se traduit par des conditions d’entrée strictes assorties de taxes. Ces recettes couvrent les dépenses occasionnées par les visiteurs et permettent de protéger l’environnement du pays tout en finançant les soins de santé et d’éducation du pays.

Au Canada, le prestigieux Fogo Island Inn, situé sur la plus grande île au large de Terre-Neuve et du Labrador, est une destination prisée. Les systèmes opérationnels de l’hôtel répondent aux plus hauts niveaux d’efficacité énergétique dans un cadre luxueux.

Les eaux de pluie sont collectées et filtrées pour être utilisées dans les toilettes, la buanderie et les appareils ménagers. Quant à l’eau chaude, elle est produite par l’énergie solaire. Les menus du restaurant sont composés de produits locaux et rendent hommage aux traditions culinaires de l’île. Les chambres sont équipées de meubles fabriqués dans l’atelier de menuiserie de l’hôtel à partir de matériaux locaux tel le bois flotté.

Il s’agit non seulement d’une destination responsable, mais aussi d’une réalisation très intéressante du point de vue commercial et marketing.

J’ai travaillé avec Destination Canada, la province du Manitoba, le Chili, le Guatemala, Londres et l’Estonie sur le tourisme et le développement économique. Le voyage responsable doit figurer en tête de l’ordre du jour de chaque juridiction et destination.

Simon Reeve, auteur, journaliste, aventurier et réalisateur de documentaires de voyage, l’a bien dit : « Le voyage responsable n’est pas seulement meilleur pour notre monde, il est aussi plus intéressant et plus mémorable. Le tourisme responsable est l’avenir du voyage ».

 

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Jeff Swystun

 

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Conférencier prolifique et écrivain, Jeff a donné plus de 115 conférences dans 25 pays. L'expertise de Jeff en matière de stratégie d'entreprise, de stratégie de marque et de marketing a mené à l'ouverture de Swystun Communications en 2012. / A prolific speaker and writer, Jeff has appeared at over 115 conferences in over 25 countries. Jeff’s expertise in business strategy, branding and marketing led to the opening of Swystun Communications in 2012. SC is a boutique agency focused on the intersection of business and brand strategy.

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