La puissance de la passion

25 ans, ça se fête! À l’occasion du quart de siècle du Centre nautique Pierre Plouffe, qui sera célébré en grande pompe les 30 juin et premier juillet prochains, le Tremblant Express a rencontré les amiraux de l’aventure, la légende du ski nautique canadien Pierre Plouffe et sa complice d’affaires Sylvie Mayrand. Entrevue en trois vagues dans ce numéro et à suivre dans ceux de mai et de juin.

« Si on avait été des comptables, on ne se serait pas rendus à 25 ans », lance Sylvie Mayrand, alors que Pierre Plouffe opine du bonnet.

« Si on avait suivi les conseils des comptables, on aurait fermé la business. Mais on a tenu bon. On est encore là grâce à notre passion. »

D’ordinaire intarissable, Pierre se tient coi en souriant. Cette fois, tout est dit!

L’entreprise ancrée sur les rives du lac Tremblant, dans un site qu’elle partage notamment avec le Club plage et tennis, a le vent dans les voiles avec ses quelque 50 employés, ses 200 embarcations de location, sa populaire structure flottante et son carnet de cours de ski nautique et de surf bien garni. Mais son histoire est aussi jalonnée de moments moins fastes.

Chaque son compte

Le centre n’avait qu’un employé à ses débuts, en juin 1993, un seul bateau et logeait dans un petit bâtiment mobile avec les autres locataires de la plage. Les réservations de cours de ski nautique étaient inscrites à la craie par Sylvie sur un petit tableau extérieur. Joindre les deux bouts constituait un défi quotidien.

« J’ai pas de gêne à dire que lors des premières années, on faisait la caisse à la fin de la journée et s’il manquait 1,75 $, on recomptait, parce qu’on avait besoin de cet argent-là », raconte l’entrepreneur de 68 ans, détenteur de plus de 20 championnats canadiens de ski nautique, entre autres dans la catégorie sénior, en 2016. « Je n’ai pas non plus de gêne à dire que la première fois que je me suis présenté dans une banque pour emprunter de l’argent, j’avais dit à mon avocat que je préférais qu’il n’invite pas le gérant à prendre un café parce que j’avais pas 25 cents dans les poches. »

Sylvie précise qu’elle et Pierre ne se sont pas versé de salaire pendant les 12 premières années d’existence du centre nautique.

« On réinvestissait le moindre cent. Je me souviens qu’en janvier en 1994 ou 1995, on a roulé des sous pour pouvoir faire les paiements des bateaux. »

Afin de voir venir et de financer les activités du centre, Pierre travaillait l’hiver à la montagne (ce qu’il fait toujours, à titre de moniteur de ski) pendant que Sylvie s’exilait à Montréal pour y exercer son métier de costumière.

Les employés

Et de quoi sont-ils le plus fiers, quel est le meilleur souvenir de leur aventure entrepreneuriale et nautique des 25 dernières années? Vous aurez beau poser la question dans un sens ou dans l’autre, prendre à part Sylvie et Pierre pour tenter d’avoir des réponses différentes, peine perdue. Elle est invariable : la relation avec leurs employés.

« Notre plus beau trophée, c’est le lien qu’on a réussi à créer avec eux au fil des années, résume Sylvie. On les a toujours considérés comme nos enfants, et on en aura autour de 50 cet été. Nous formons une grande famille. On a su créer un sentiment d’appartenance. Certains employés sont partis pour faire carrière ailleurs, mais ils revenaient l’été pour travailler avec nous. »

Pierre intervient : « Un employé a écrit ’’Si quelqu’un a été au paradis sur Terre, c’est parce qu’il a travaillé au centre nautique’’. Mais y’a pas eu juste de l’harmonie entre les employés et nous, surtout moi je dirais. Dans les familles, y’a des prises de bec. Mais il faut écouter ses employés, même si tu n’es pas d’accord avec eux. Personne ne peut avoir 100% tort ou raison. Un employé qui me suggère quelque chose, c’est parce qu’il est intéressé à son travail. Je dois l’écouter. »

À les entendre parler, on conclut sans hésitation que Sylvie et Pierre sont les reine et roi du monde quand ils sont au centre nautique, malgré le fait qu’ils y mettent les bouchées doubles, de mai à octobre.

« Je travaille 7 jours par semaine, mais le matin, je pars de chez moi en vélo, dit Pierre. Je m’en vais mettre un costume de bain, je passe toute la journée dehors. J’ai le plus beau coucher de soleil de toute la région, je retourne chez moi, puis je recommence le lendemain. C’est pas mal dur de se plaindre. »

« Autour de ce lac-là, glisse Sylvie, presque en chuchotant, y’a des gens qui ont payé des 7 millions, 10 millions ou 15 millions pis ils ne sont même pas là tout l’été. Nous, oui! »

Alain Bisson47 Posts

Journaliste depuis plus de 30 ans, Alain Bisson a débuté sa carrière au Journal de Montréal à titre de journaliste à l'économie. Au cours des dernières années, Alain fut également directeur du pupitre et directeur des contenus week-end à La Presse. / A journalist for more than 30 years, Alain Bisson began his career at the Journal de Montreal as a journalist covering economics. In recent years, Alain was also weekend content director and bureau chief for La Presse.

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