Cet hiver, lors de vos promenades en forêt à proximité des cours d’eau, vous verrez peut-être des traces de glissades dans la neige. Selon la largeur de l’empreinte, il peut s’agir de la belette, du vison ou de la loutre.

Ces animaux de la famille des mustélidés aiment bien se déplacer en se laissant glisser sur les pentes enneigées et en faisant des bonds caractéristiques. La belette, plus menue que les deux autres espèces, s’introduit dans les terriers des petits rongeurs (campagnols, souris, tamias) pour y attraper ses proies favorites. Le vison pour sa part explore les cours d’eau libres de glace à la recherche de petits animaux aquatiques. Mais c’est la loutre qui attire aujourd’hui notre attention.

De tempérament enjoué et dynamique, la loutre glisse sur la neige, la glace et parfois dans la boue pour jouer ou se déplacer rapidement. Son corps fusiforme, sa longue queue puissante, ses pattes palmées pourvues de fortes griffes et sa fourrure imperméable lui sont d’un atout sans pareil lorsqu’elle évolue dans l’eau ou la neige.

Quand elle plonge, la loutre peut fermer ses oreilles et ses narines, réduire son rythme cardiaque et retenir son souffle pendant plus de 7 minutes. Nageuse puissante et rapide, elle peut franchir sous l’eau une distance de 350 mètres.

Les loutres jeunes ou adultes adorent les bousculades, les jeux de poursuite et les glissades et n’hésitent pas à remonter une même pente à plusieurs reprises pour profiter du simple plaisir de la glisse. Le jeu est en effet essentiel à la plupart des animaux pour maintenir la forme, parfaire leur coordination et leur adresse ou simplement jouir de la vie.

La technique de glisse de la loutre lui est particulière : elle se jette sur le ventre, ramène ses pattes avant contre sa poitrine et se propulse avec ses pattes arrière. Elle peut parfois atteindre 29 km/h. Même si la plupart de ses glissades ont moins de 3 m de longueur, certaines s’allongent sur près de 8 m.

Essentiellement carnivore, la loutre se nourrit de poissons, d’écrevisses, de moules et autres animaux aquatiques. Elle s’abrite dans un terrier aménagé entre les racines d’un arbre ou dans la berge d’un cours d’eau et utilise parfois la hutte d’un castor ou celle d’un rat musqué.

Bien qu’elle s’active surtout à l’aube et au crépuscule et qu’elle soit de nature plutôt discrète, on remarquera sa présence par les amoncellements d’écailles de poissons et de carapaces d’écrevisses laissés au bord d’un cours d’eau, ses excréments de forme cylindrique parsemés de ces mêmes débris et, bien entendu, ses traces de glissades.

La loutre est une des vedettes de l’exposition permanente de l’Animalium, le musée zoologique de Mont-Tremblant. On la retrouve avec le castor, le cerf et les autres animaux de la forêt tempérée d’Amérique du Nord ainsi que dans la section consacrée aux exploits sportifs des animaux.

Jacques Prescott est biologiste, cofondateur de l’Animalium, le musée zoologique de Mont-Tremblant. Il est le co-auteur de l’ouvrage Mammifères du Québec et de l’Est du Canada, publié aux Éditions Michel Quintin.

Du même auteur : Le dindon sauvage (Cliquez sur l’image)