La famille Dubois (Seconde partie)

Pendant quelques étés, mon père et ma mère ont travaillé comme tenanciers du bar et du restaurant où l’on pouvait finir la soirée après les spectacles présentés au Villa Bellevue. À l’époque, les heures d’ouverture étaient bien moins réglementées que de nos jours et mes parents fermaient souvent le bar au lever du soleil.

Nous habitions au Devil’s River Lodge sur le versant nord du mont Tremblant. Alors, pour nous accommoder, nous étions logés chez Antoinette Dubois, la belle-sœur de René. La maison se situait de l’autre côté de la rue sur une partie de ce qui est devenu le stationnement du Grand Lodge.

Pour moi, à cette époque, tous les amis de mes parents étaient des oncles ou des tantes. Je demeurais donc chez « ma tante Antoinette » pendant que mes parents travaillaient. Tous trois natifs d’ici, Léon, René et mon père entretenaient une relation d’amitié qui se transmit à la génération suivante entre Serge, Luc et moi.

La jeunesse à l’œuvre

Le Villa Bellevue était une plaque tournante où les jeunes étaient les bienvenus. Un été, Serge proposa que notre groupe d’amis présente un spectacle de ski nautique pour les clients de l’hôtel. Il faut dire que nous raffolions de ce sport.

Nous étions influencés par la famille Cloutier de Sainte-Agathe-des-Monts qui comptait d’excellents sportifs, dont Marc, l’un des frères, qui se produisait en ski nautique à Cypress Garden, en Floride. Donc, avec l’approbation de René, notre groupe se forma.

Serge, qui était le plus sage, devint notre chef. S’ajoutèrent Gerry Simon (qu’il épousera), Ken Simon, Ronnie Simon, Van Forbell (pilote du bateau), John Mc Donald, Janie Forbell, Eva Kouchar, Judy Claggett, Frankie Legare ainsi que Luc, Serge et moi. Ils sont encore nombreux ceux que vous pouvez croiser dans le coin.

Nous utilisions le bateau hors-bord de la famille Simon, mais notre groupe n’avait pas les moyens d’assumer les dépenses reliées à l’essence. Avec la permission de M. Dubois, nous passions le chapeau après chaque spectacle. Nous n’avons jamais fait de profits, mais nous n’avons jamais manqué d’essence.

L’école de ski, une des clés du succès

L’école de ski du Villa Bellevue jouissait d’une excellente réputation et représentait un attrait important pour la clientèle de l’hôtel. D’ailleurs, fait peu connu, le célèbre Ernie Mc Cullough fut directeur de l’école de ski du Villa Bellevue.

Au tout début de sa carrière de coureur de ski alpin et de sauteur, Ernie était venu à Mont-Tremblant en quête de travail. À ce moment, John Fripp était directeur de l’école de ski du mont Tremblant et René Dubois lui confia la responsabilité de son école du Villa Bellevue.

Ernie était encore attiré par la compétition et sans en parler à M. Dubois, il partit en train vers l’Idaho, à Sun Valley, pour participer à la Harriman Cup. Cette course était très importante et toutes les grandes équipes de l’époque comme celles de la Suisse, de l’Autriche, de l’Italie et de la France y participaient.

Ernie avait demandé à un grand ami, Bob Richarson, de le remplacer pour aller skier avec les clients de l’hôtel en tant que directeur adjoint de l’école, sous prétexte qu’il souffrait d’une forte fièvre. Quelle ne fut pas la surprise de M. Dubois de voir Ernie revenir au travail avec le trophée de la Harriman Cup.

Même si M. Dubois était un peu déçu de la supercherie, la bonne nouvelle était que les clients de l’hôtel pouvaient désormais skier avec un champion de calibre international.

La relève

En 1963, Serge, le fils aîné de la famille, commença à travailler officiellement à l’hôtel. Il était responsable de faire la promotion du Villa Bellevue en faisant valoir la qualité de l’hébergement, de la cuisine, du service, mais surtout, de l’excellence de l’école de ski qui pouvait compter sur le directeur Bernard Trottier et sur des moniteurs très compétents.

Il partit dès lors en tournée dans les grands salons, les clubs ainsi que les boutiques de ski.

Après avoir été directeur des programmes et entraîneur-chef de l’Équipe canadienne de ski alpin, Luc, le frère de Serge, se joignit à l’équipe. Par la suite, leur jeune frère Robert s’ajouta aux ventes puis les sœurs Suzanne, Nicole et Danielle s’ajoutèrent respectivement à la comptabilité, à la réception et à l’école de ski, complétant ainsi l’implication familiale.

La période de représentation commençait au début du mois de septembre et se terminait au Thanksgiving américain. Le territoire à couvrir allait de l’est des États-Unis, de Burlington au Vermont, jusqu’à Miami en Floride. Ce fut une grande réussite. L’hôtel afficha complet, en grande partie grâce à la notoriété de l’école de ski.

La clientèle du Villa Bellevue était attirée par le charme de l’endroit et l’affabilité de la famille Dubois. Cette dernière demeure encore à ce jour en mémoire. À n’en pas douter, René et ses enfants ont grandement contribué au succès et au mythe des belles années de notre joli coin de pays.

 

Du même auteur : Roger Brunette : le magicien du versant nord (Cliquez sur l’image)

 

Peter Duncan121 Posts

Membre de l’équipe canadienne de ski alpin de 1960 à 1971, skieur professionnel de 1971 à 1979 et champion américain en 1965, Peter Duncan a participé aux Jeux olympiques de 1964 à Innsbruck ainsi qu’à ceux de 1968 à Grenoble. Intronisé au Temple de la renommée du ski au Canada, au Panthéon des sports du Québec et récipiendaire de la médaille du gouverneur général, Peter a longtemps été commentateur de ski à la télévision./ Peter Duncan is a Canadian former alpine skier who competed in the 1964 and the 1968 Winter Olympics. He was named to the Canadian National Alpine Team in 1960 at the age of 16 and competed at the national level for the next 10-years until 1970 before retiring.

Michel Normandeau

Connor O’Brien

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