La chauve-souris porte-bonheur

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Rassurez-vous, les chauves-souris ne s’accrochent pas aux cheveux, il n’y a aucune chauve-souris vampire sous nos latitudes et bien que ces mammifères portent parfois le virus de la rage, les risques de contamination sont quasi nuls. En réalité, ces êtres fascinants jouent un rôle insoupçonné et leur survie est loin d’être acquise.

Alors qu’en Chine elles symbolisent bonheur et longévité, elles sont chez nous victimes de préjugés tenaces. Les chiroptères jouent pourtant un rôle écologique essentiel. Un seul de ces “démousticateurs” consomme chaque nuit jusqu’à 8 g d’insectes, l’équivalent de 3 000 moustiques, ce qui réduit d’autant la propagation des maladies transmises par les insectes piqueurs.

Les chauves-souris se nourrissent aussi d’insectes déprédateurs des cultures et des plantations. Une colonie de 150 sérotines brunes consomme annuellement jusqu’à 1,3 million d’insectes nuisibles. Aux États-Unis, on estime à plus de 200 $ par hectare la valeur annuelle des chauves-souris insectivores en milieu agricole, leur activité prédatrice réduisant l’usage d’insecticides. Pour le monde agricole, il s’agit d’un apport économique de plusieurs milliards de dollars !

L’importante contribution des chauves-souris à la prévention sanitaire et à la productivité agricole est en péril. Les chauves-souris sont intoxiquées par les pesticides, délogées de bâtiments où elles trouvent parfois refuge, et souvent exterminées sans raison valable.

Depuis 2006, des millions de chauves-souris ont aussi été décimées par un champignon blanc microscopique qui se développe sur le museau, les oreilles ou les ailes. Les chauves-souris infectées se réveillent durant l’hibernation et meurent de froid ou de faim. À cause de cela, trois des huit espèces de chauves-souris présentes au Québec sont en voie de disparition.

Les parcs éoliens causent aussi d’importantes mortalités chez les chauves-souris, notamment au moment des migrations automnales. Attirés par ces structures perçues comme des aires de repos potentielles les animaux succomberaient à une hémorragie interne causée par la chute de pression de l’air lors de la rotation des pales de l’éolienne.

Dans le nord-est américain, plus de 100 000 chauves-souris périraient chaque année de cette façon. On pourrait pourtant prévenir ces pertes en réduisant la vitesse de rotation des éoliennes lors de certaines périodes critiques.

Soyez donc indulgents à l’égard de ces créatures si d’aventure elles élisent domicile dans votre demeure ; évitez de déranger les chauves-souris en hibernation et, si le cœur vous en dit, construisez-leur un abri adapté à leurs besoins. Comme le croient les Chinois, votre bonheur en dépend.

 

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Jacques Prescott

 

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Jacques Prescott est biologiste, professeur associé à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Spécialiste de la biodiversité et du développement durable, il est l’auteur de nombreux livres et articles sur la faune et la conservation de la nature. Il nous fait l’honneur de rejoindre notre équipe de collaborateurs et signera chaque mois une chronique intitulée Faune et flore. / Jacques Prescott is a biologist, associate professor with the Chair in Eco-Counselling of the Université du Québec à Chicoutimi. A specialist in biodiversity and sustainable development, he is the author of numerous books and articles about wildlife and nature conservation. He has honoured us by joining our team of contributors and will write a monthly column entitled Wildlife and Habitat.

1 Comment

  • Jacques Reply

    novembre 6, 2022 at 10:55 am

    La photo illustre une roussette, aussi appelée renard volant, une chauve-souris frugivore de grande taille, qu’on retrouve en Asie et en Océanie.

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